Le congrès de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) est en passe de conclure un accord "historique" à Marrakech en faveur des déficients visuels en facilitant désormais à cette catégorie de personnes l’accès au monde du savoir, de la culture et de la science et ce après des décennies de débats et de négociations pour obtenir le "droit à l’exception". A cet effet, la ville ocre a ouvert lundi une Conférence diplomatique de l’OMPI, dont les travaux du 18 au 28 juin seront consacrés à la finalisation d’un traité visant à améliorer l’accès aux livres aux déficients visuels dont le nombre est estimé dans le monde à quelques 300 millions d’âmes dont 90% vivent la rive sud du globe.Cet accord vise à faciliter l’accès aux personnes ayant des difficultés de lecture "des textes imprimés aux œuvres publiées" grâce notamment à la technique du braille, la lecture pour les aveugles et les non voyants fortement. En vertu de cet accord, le livre numérique en format braille devrait être accessible aux déficients visuels à travers notamment l’OMPI, celle-ci devant faire bénéficier à l’ensemble de cette tranche de la population le droit à l’exception, selon le directeur général de l’OMPI, l’Australien Francis Gurry en poste depuis 2008. Marrakech, pourrait être l’ultime étape d’ une arrivée tant attendue, car, selon Gurry, le Comité permanent du droit d’auteur et des droits connexes (SCCR) de l’OMPI étudie depuis 2004 "la question de savoir si certaines exceptions au droit d’auteur devraient être harmonisées au niveau international en faveur des déficients visuels et des personnes ayant des difficultés de lecteur de textes imprimés".
Du pain sur la planche
"Il reste beaucoup à faire mais la conclusion de cet accord à Marrakech nous permettra d’aller de l’avant pour résoudre d’autres obstacles en matière notamment d’identification et d’adaptation des nouvelles technologies", a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse. Il a remercié les artistes, les interprètes, les créateurs pour leur "soutien"en vue de réussie cette "phase" d’atterrissage. Marrakech sera donc l’aboutissement de 10 ans de négociations sur la question de savoir "comment mettre d’avantage d’œuvres en braille, en gros caractères ou en format audio à la disposition des aveugles dont une grande partie vit dans des pays à faibles revenus".
A l’ouverture de cette conférence, le roi Mohammed VI du Maroc à appelé l’OMPI à redoubler d’efforts pour que "justice soit rendue" aux déficients visuels par le monde, dans un message lu par le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, devant une assistance de 300 délégués venus des quatre coins du monde et réunis au palais des Congrès. Le roi a salué à cette occasion le rôle que joue la société civile marocaine dans la réalisation de l’intégration sociale en faveur des personnes handicapées. Le souverain a en outre indiqué que tous les espoirs reposent sur la conférence de Marrakech pour "préserver la dignité" à cette tranche de la population et pour les aider afin d’accéder "au savoir, à la connaissance et à la science".
Le Maroc retenu pour piloter l'expérienceEn accueillant sur son sol cette conférence, le Maroc est très attentif pour que le traité issu de cette rencontre atteigne ses "objectifs nobles". Le roi a cité à cet égard le riche arsenal juridique dont est doté le du royaume en matière de protection sociale en faveur des personnes handicapés et des déficients visuels. Mustapha El Khalfi a estimé que le "droit à l’accès au savoir" va traverser les frontières, sans passeport, puisque ce droit va être libéraliser et généralisé pour tours. Il a indiqué que l’OMPI a chargé le Maroc de piloter la nouvelle expérience dans la région et dans le reste de l’Afrique. Le projet de la convention qui devrait être signé à Marrakech va "obliger" les pays à introduire dans leur législation relative au droit d’auteur des "exceptions et limitations autorisant la production de livres dans des formats accessibles".L’une des grandes questions toujours en suspens est liée au fait de savoir comment éviter que les œuvres dont l’accès sera facilité pour les déficients visuels ne tombent sous le coup du piratage à partir du déficient visuel vers le voyant. Le piratage est un fléau qui s’aggrave de plus en plus dans les pays du sud, selon les observateurs.





