Les guides touristiques renouent avec une étape incontournable du circuit culturel à Marrakech. La Medersa Ben Youssef, joyau architectural musulman fortement imprégné de la tradition andalouse, rouvre ses portes au public.
Après une vaste opération de réhabilitation qui aura duré plus de 5 ans, mobilisant au passage une pléthore d’artisans de tous bords, l'école coranique, qui s'étend sur une superficie de plus de 1.500 m2, accueille de nouveau les visiteurs.
Cela dit, la réhabilitation de ce chef-d'œuvre de l'art mérinide n’a pas été sans conséquences sur le charme du lieu. Si de gros efforts ont été consentis dans la modernisation de l’école, quelques dégradations sont constatées à l'œil nu: des versets coraniques sculptés sur bois semblent avoir disparu d’un côté du patio central. D’anciennes portes en bois aux motifs sinueux remplacées par d’autres au design sobre. Et la disparition relevée par les guides, non sans un pincement au cœur, d’inscriptions gravées sur les murs d’étudiants et qui datent au moins du 19ème siècle, recouvertes par des couches de peinture. «Une histoire de moins à raconter aux touristes avides de récits authentiques», regrette un guide. Avant de poursuivre: «L’essentiel a été préservé, mais on a omis les détails.»
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Entre autres indices dénotant une réouverture hâtive, l’absence de panneaux explicatifs qui rythment la visite. En effet, les touristes se baladent dans une école où il y a zéro indication. Les non-initiés ou les personnes non accompagnées d’un guide errent entre les chambres, immortalisent le moment et quittent aussitôt les lieux.
Par ailleurs, les guides s’interrogent sur le prix d’entrée qu’il jugent dérisoire compte tenu des montants investis par l’Etat dans la rénovation du bâtiment. «Quand le jardin Majorelle et les Jardins secrets fixent leur ticket d'entrée respectivement à 100 DH et 80 DH, pourquoi ne pas exiger un prix d’entrée plus cher pour ce joyau unique au monde?», s'interroge-t-on.
En effet, la medersa recèle un savoir-faire architectural accumulé au fil des siècles et qui la rend unique au monde. Fondée au 16ème siècle par le sultan mérinide Abu al-Hasan et rénovée par le sultan saadien Abdallah el-Ghalib, qui en acheva la construction en 1564-1565, elle porte le nom du sultan almoravide Ali Ben Youssef. L’école coranique fut pendant près de cinq siècles un foyer pour les étudiants assoiffés de connaissance, venant des quatre coins du monde.