Marocains et addictions: ces chiffres qui font peur

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Revue de presseKiosque360. Des millions de Marocains, dont beaucoup de mineurs, présentent des addictions à des produits, activités ou services qui ne sont pas forcément interdits. Une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 30/12/2021 à 21h25

C’est sans doute la première fois que le phénomène de l’addiction chez les Marocains est étudié de manière précise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les chiffres ont de quoi faire peur. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) vient de finaliser une enquête sur l’addiction au Maroc et émet un avis consécutif à une autosaisine. Les principales conclusions sont résumées par Assabah dans son édition du vendredi 31 décembre.

D’après le journal, ce sont aujourd’hui des millions de Marocains qui sont addicts à la cigarette et aux jeux de hasard, tandis que des milliers de personnes sont accros à l’héroïne et à la cocaïne. Le problème est que la lutte contre l’addiction se heurte à des obstacles économiques que les responsables n’arrivent pas à dépasser.

En effet, parmi les révélations de cette étude, l’économie de l’addiction a pris tellement d’ampleur au Maroc qu’elle représenterait aujourd’hui pas moins de 3% du PIB. Elle est même qualifiée désormais de phénomène structurel qui impacte toute l’économie nationale, y compris les finances publiques.

D’après la même source, les produits, activités et services non interdits, mais qui peuvent tout de même être sources d’addiction, génèrent un chiffre d’affaires de plus de 32 milliards de dirhams, soit l’équivalent de 9,1% des revenus fiscaux que dégage l’Etat chaque année. Dans le détail, ajoute Assabah, le tabac draine à lui seul des revenus de 17 milliards de dirhams, soit cinq fois plus que le budget que réserve chaque année le ministère de la Santé à l’investissement dans le secteur.

Face à l’ampleur de ces chiffres, générés pourtant par des activités purement formelles, le CESE recommande de réserver au moins 10% de ces revenus au financement des soins, à la recherche et à la prévention de l’addiction. L’objectif étant de réduire l’impact de l’économie de l’addiction sur les Marocains dont elle se nourrit.

Sur un autre registre, le quotidien fait un focus sur d’autres chiffres révélés par le Conseil présidé par Ahmed Reda Chami. Ils concernent l’addiction chez les jeunes. Ainsi, est-il relevé, sur les 6 millions de fumeurs recensés au Maroc, plus d’un demi-million serait des mineurs âgés de moins de 18 ans, contre 5,4 millions d’adultes. Tous ces fumeurs consomment, chaque année, plus de 15 milliards de cigarettes, avec tous les méfaits que cela cause pour leur santé et celle de leurs proches.

Le même constat est dressé au niveau des jeux du hasard. Les estimations parlent aujourd’hui d’un nombre compris entre 2,8 et 3,3 millions de Marocains qui s’adonnent régulièrement aux paris. Au moins 40% d’entre eux seraient des personnes présentant des risques «d’excès» qui pourrait rendre ces jeux dangereux pour eux.

Enfin, concernant l’addiction aux drogues dures, et même en l’absence de données précises, Assabah se rappelle de cette étude menée en 2016 et qui avait révélé que plus de 18.500 Marocains s’injectent régulièrement des drogues dures, une grande partie d’entre eux faisant partie des personnes atteintes de VIH et d’hépatite C.

Par Fayza Senhaji
Le 30/12/2021 à 21h25