Les chiffres sont effarants. 32 millions de kilogrammes de légumes sont perdus chaque jour. Le taux des pertes moyennes dans le transport va de 20% à 30% pour les zones éloignées des sites de production. Et bien sûr, les normes de sécurité sanitaires ne sont pas respectées lors du transport des marchandises. Ce sont les conclusions d’un rapport de la commission d’exploration formée par les députés de la première Chambre.
D’après le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui rapporte l’information dans son numéro du jeudi 6 avril, la commission parlementaire, qui s’est rendue dans les marchés de gros dans la région de Casablanca-Settat, Souss-Massa ainsi qu’à Tanger et dans un souk hebdomadaire près de Salé, a exposé les résultats de sa mission lors d’une réunion de la commission des secteurs productifs en présence des ministres de l’Agriculture et de l’Industrie et du commerce.
Dans le marché de gros de Casablanca par exemple, la commission a relevé une différence de prix pouvant aller jusqu’à deux dirhams pour le même produit d’un endroit à l’autre du même marché. Ils ont également relevé une différence de prix du même ordre selon si le produit est vendu à bord du camion, par terre dans un «carré» ou dans un autre endroit du même marché.
Les membres de la commission ont voulu en savoir un peu plus sur les causes de cet écart des prix et sur le fonctionnement du marché. Ils ont pu apprendre que pour pouvoir écouler leur marchandise, les agriculteurs ou les intermédiaires doivent l’exposer obligatoirement dans un «carré».
Le carré en question est géré par un mandataire qui empoche 1% de la valeur de la marchandise en contrepartie de cette prestation. C’est une sorte d’agrément qu’il détient et peut offrir aussi le service de pesage. Les prix sont fixés selon la règle de l’offre et la demande. Sauf qu’il y a des commerçants qui achètent du carré et peuvent revendre en demi-gros juste à côté en prélevant leur marge. D’où la différence des prix.
Jusque-là tout semble plus au moins «légal». Mais, poursuit Al Ahdath Al Maghribia, les parlementaires ont noté aussi la présence dans l’enceinte du marché de camions qui n’ont pas payé la taxe obligatoire, soit 6%. Ils ont même pu apprendre que le chargement d’un camion peut être vendu deux à trois fois sans même avoir été déchargé pour être finalement cédé, selon les normes, au même marché. C’est à ne pas s’y méprendre, de la spéculation.
Évidemment, conclut le quotidien, les membres de la commission ont émis quelques recommandations pour corriger ces dysfonctionnements. Ils ont proposé entre autres d’entreprendre sans plus tarder de restructurer et de moderniser les marchés de gros. Ils ont également suggéré au gouvernement de contrôler les circuits de commercialisation et de distribution des produits agricoles. Ils ont également appelé à la création d’une bourse de fruits et légumes