Dans son édition du mois de mai, BAB, magazine de la MAP, fait le point sur la situation des nomades dans la région de Drâa-Tafilalet et les répercussions de la crise sanitaire sur leur activité à forte prédominance agricole.
Ces populations nomades, particulièrement affectées par la conjoncture inédite que traverse le pays, ne sont plus libres de leurs déplacements. De ce fait, le confinement a accentué la souffrance de ces tribus exclusivement pastorales, qui pratiquent l’élevage de bétail de père en fils.
A en croire la publication, la sédentarisation forcée des nomades a eu «un impact sur les revenus hebdomadaires des nomades générés, en temps normal, grâce à la vente du bétail». Ce qui a suscité une forte mobilisation de la société civile et poussé plusieurs acteurs, à Drâa-Tafilalet, à prendre des initiatives solidaires visant à atténuer les effets socio-économiques de la pandémie du Covid-19 sur cette population vulnérable. Ainsi, il a été procédé à la distribution de produits alimentaires au profit de dizaines de familles nomades appartenant aux tribus d’Est Merghad et vivant dans des zones limitrophes entre les provinces de Midelt et Tinghir.
«Les nomades, qui ont bénéficié des aides financières de l’Etat face à la pandémie, vivent actuellement de leurs économies», fait savoir dans une déclaration à BAB Assou Asseti, membre du Conseil de la commune rurale de Mibladen (province de Midelt). Il précise que les nomades de Sidi Ayyad ont reçu les paniers alimentaires offerts dans le cadre de l’opération de soutien alimentaire «Ramadan 1441», ainsi que des aides similaires de la part de l'Agence marocaine pour l'énergie durable (MASEN).
Ces initiatives solidaires n’ont toutefois pas évité aux nomades de Drâa-Tafialet de dépenser les économies accumulées au cours des dernières années ou d’opter pour des emprunts à même de les aider à dépasser cette conjoncture exceptionnelle.
Du fait de la pandémie, la majorité des nomades ne se déplacent plus, bien que leur mode de vie soit fondé sur le pâturage extensif. De plus, ces nomades ont du mal à préserver leur cheptel, surtout dans la zone de Timahdite qui a connu une très faible pluviométrie et où les coûts de location des terrains représentent une lourde charge financière pour ces éleveurs, confrontés à la fermeture des marchés où ils écoulaient leur bétail.
Pour éviter un phénomène de paupérisation de cette population particulièrement vulnérable et un éventuel abandon des activités pastorales, des mesures importantes ont été prises en vue d'aider les nomades à dépasser cette situation, notamment dans le cadre de l’opération de distribution de l’orge subventionnée qui en est à sa troisième phase. «Cette orge subventionnée par l’État au profit des éleveurs est disponible dans 9 centres de distribution mis en place dans les 5 provinces de la région de Drâa-Tafilalet, depuis mars dernier et jusqu’au mois de juin, précise Mohamed Bousfoul, le directeur régional de l’agriculture à Drâa-Tafilalet.
A noter que des études en cours de préparation visent à cartographier les zones pâturages dans la région de Drâa-Tafilalet, conformément à la loi sur la transhumance pastorale et la gestion des espaces pastoraux.
La feuille de route agricole prévoit la création de zones pastorales protégées et le développement, à terme, des infrastructures de pâturage dans l’optique de promouvoir les chaînes de production liées aux filières ovine, caprine et cameline.