La présidence du Ministère public vient de publier son cinquième rapport portant sur le fonctionnement du Ministère public et la mise en œuvre de la politique pénale pour l'année 2021. Le document note que l'assouplissement progressif des restrictions imposées par la pandémie du Covid-19 s’est accompagné d'une augmentation considérable du nombre de plaintes, des nouveaux procès et des affaires pénales ouvertes.
C’est d’ailleurs le cas pour les affaires relatives aux cybercrimes. D’après le même rapport, le nombre des crimes et délits commis en utilisant des outils ou des réseaux informatiques connait une «hausse constante», en raison de l’utilisation de plus en plus accrue et généralisée d’internet et des nouvelles technologies.
Ainsi, en 2021, le nombre des affaires relatives aux atteintes aux systèmes de traitement automatisé des données a enregistré une hausse de 43%, fait savoir la présidence du Ministère public dans son rapport. Selon ce même document, ce chiffre s’est élevé à 167, contre 117 affaires en 2020.
Au cours de la même année, 310 personnes ont été poursuivies pour des affaires de cette catégorie, soit 30% de plus qu’en 2020.
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Le rapport souligne que la majorité de ces personnes sont des hommes de nationalité marocaine et sont âgées de plus de 18 ans, alors que seuls deux mineurs et neuf personnes de nationalité étrangère ont été poursuivis pour atteinte aux systèmes de traitement automatisé des données.
S’agissant des crimes de droit commun commis au moyen d’outils ou de systèmes informatiques, le rapport annuel de la présidence du Ministère public souligne une augmentation de plus de 42% du nombre des affaires relatives à ces crimes. Au total, 623 affaires ont été enregistrées en 2021 contre 438 en 2020. Dans ce cadre, 739 personnes ont été poursuivies contre 498 une année auparavant, soit une hausse de 48%.
Ces affaires ont concerné, entre autres, les fraudes et les vols en ligne, l’extorsion sous menace de publication de contenus humiliants ou portant atteinte à la personne en question, le harcèlement sexuel et l’incitation à commettre des crimes ou délits. Le rapport note ainsi que les affaires relatives au chantage sexuel et au harcèlement sexuel en ligne ont représenté en 2021 respectivement 46% et 31% du nombre total des affaires ouvertes.
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Enfin, selon le même document, le Ministère public a traité, en 2021, 52 affaires relatives aux crimes concernant la création ou la publication de contenus numériques illicites. Parmi celles-ci, 27 affaires ont concerné l’incitation, l’encouragement ou la facilitation de l’exploitation des enfants de moins de 18 ans dans des contenus pédopornographiques et 25 ont concerné la production ou la publication de contenus pédopornographiques.
D’après la présidence du Ministère public, le nombre faible des affaires relatives aux crimes concernant la création ou la publication de contenus numériques illicites confirme l’hypothèse que ce genre d’affaires ne se présente pas fréquemment devant les tribunaux, car la majorité des auteurs de ces crimes arrivent à effacer les traces de leurs crimes en ayant généralement recours au «Dark Web», ce qui rend presque impossible leur traque par les services de la justice.