La commission parlementaire de la justice a amendé, jeudi, l'article 475 du code pénal en supprimant une disposition qui ouvrait jusqu'ici à tout violeur d'une mineure ou d'une femme la voie du mariage pour échapper à la prison. Il s'agit d'une victoire des ONG qui n'ont cessé de revendiquer l'annulation de cette mesure surtout depuis le suicide de Amina Filali en 2012. Cette adolescente âgée de 16 ans s'est donnée la mort après avoir été contrainte de se marier avec son violeur. Dans son édition de ce vendredi 10 janvier, le journal Annass qualifie cet amendement de "victoire pour Amina Filali qui peut reposer en paix dans sa tombe".
La société civile obtient gain de cause
Akhbar Al Yaoum rappelle que cet amendement a été proposé par la Chambre des conseillers, et ce à l'initiative du PPS. Le deuxième alinéa de l'article 475 a été annulé car "il permettait à tout violeur d'une femme ou adolescente d'échapper à la justice en se mariant avec la victime, sauf dans le cas ou le tuteur porte plainte contre l'agresseur". "Cette plainte pour viol n'était recevable auparavant qu'une fois que le tribunal annule l'acte de mariage", est-il précisé. Toujours d'après Akhbar Al Youm, "la commission de la justice de la Chambre des représentants a tranché définitivement en interdisant tout mariage d'une mineur n'ayant pas atteint l'âge de 18 ans". "Sur proposition du ministère de la Justice, la commission a aussi accordé aux juges l'appréciation de procéder au mariage d'une mineure, dont l'âge n'est pas inférieur à 16 ans", indique le support. Et d'ajouter que "ce texte a toutes les chances d'être adopté définitivement en séance plénière de la Chambre des représentants malgré certaines réserves émises par le PPS".
La suppression de cette honteuse disposition qui permettait aux violeurs d'échapper à la justice constitue un hommage posthume à Amina Filali. La victoire est celle aussi des ONG marocaines qui n'ont à aucun moment baissé les bras. C'est aussi un grand succès pour le Maroc, le seul pays du monde arabe à avoir osé clarifier et déterminer les règles du mariage et les droits des femmes, conjuguant religion et modernité.