La situation dépasse parfois tout entendement. Les prix des médicaments importés atteignent des sommets et rien ne justifie une telle hausse. Le constat provient d’Assabah de ce mercredi 20 novembre, qui cite un rapport du Réseau marocain de défense du droit à la santé et à la vie.
Cette ONG dénonce des écarts de prix allant du simple au triple, voire plus, entre les prix pratiqués dans les pays d’origine de certains traitements et ceux du marché marocain.
Le réseau pointe du doigt un «lobby» d’importateurs qui font la loi et n’hésitent pas à privilégier «leurs marges inconsidérées à la vérité des prix», signale Assabah, qui relaie le fait que 25% des médicaments importés «sont sujets à des monopoles de fait, pratiqués par certains importateurs».
Dans son rapport, l’ONG souligne notamment «les tarifs mirobolants des traitements pour maladies cardiaques, l’asthme, l’hépatite et le cancer».
Selon Assabah, «à titre d’exemple, un traitement pour hépatite coûte entre 3.000 et 6.000 dirhams au Maroc, alors que son prix ne dépasse guère 800 dirhams dans un pays comme l’Egypte. Et il n’est pas rare d’observer que des médicaments génériques censés être abordable coûtent plus cher au Maroc que les médicaments à molécule mère dans d’autres pays».
Résultat, le Maroc est «le deuxième pays le plus cher en matière de médicaments dans tout le pourtour méditerranéen», écrit le quotidien.
Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, a d’ailleurs confirmé ces constats devant la Chambre des représentants, lors de la présentation, la semaine dernière, du projet de loi de Finances 2025 devant la commission des finances et du développement économique de la Chambre des représentants.
Le ministre a en effet indiqué que certains médicaments «coûtent environ quatre fois plus cher qu’à l’étranger», à cause «des importations sous couvert de production nationale».
Le prix des médicaments impacte «autant le pouvoir d’achat des consommateurs que l’équilibre financier et la pérennité du système d’assurance maladie obligatoire, menaçant de fait le chantier de la généralisation de la couverture sociale», indique Assabah, et Fouzi Lekjaa a expliqué que «l’autorisation d’importation devrait surtout concerner les médicaments non produits localement ou nécessitant un délai de production important, se comptant en années, afin de favoriser la concurrence et garantir l’approvisionnement».