Kénitra: accusés de «faux en écriture», deux adjudants devant un juge d’instruction

Un automobiliste ayant commis une infraction est arrêté par un gendarme, qui dresse un procès-verbal définissant sa contravention.. DR

Revue de presseDeux adjudants de la Gendarmerie royale, dont les agissements ont été révélés par la diffusion d’une vidéo les montrant en compagnie d’un trafiquant de drogue, viennent d’être placés en détention. Ils devraient être poursuivis, entre autres chefs d’accusation, pour «faux et usage de faux dans des écrits publics». Une revue de presse d’Al Akhbar.

Le 30/06/2024 à 19h07

Après avoir été suspendus voici quelques mois par le haut commandement de la gendarmerie, deux adjudants affectés au poste de la commune de Lalla Maymouna, près de Kénitra, viennent d’être placés en détention.

Accusés de «faux et usage de faux dans des écrits publics» et de «dilapidation de deniers publics», les prévenus ont été notifiés jeudi dernier, 26 juin 2024, de cette décision prise par le juge d’instruction du tribunal de première instance de Kénitra, en charge de cette affaire.

Selon Al Akhbar de ce lundi 1er juillet, les deux adjudants avaient, pour l’un, la responsabilité du poste de gendarmerie de Lalla Maymouna et, pour l’autre, la mission de l’assister dans ses fonctions.

Il y a quelques mois, les deux gendarmes étaient apparus dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dans laquelle ils étaient filmés en flagrant délit de chantage à l’encontre d’un individu présenté comme étant un dealer de drogue de Benslimane.

Les deux prévenus auraient, selon des informations recueillies par le quotidien, perçu de l’argent de la part de cet homme, en contrepartie de leur dénonciation d’infractions routières commises par un de ses ennemis.

Al Akhbar rappelle que les résultats d’une enquête préliminaire avaient permis de réunir suffisamment de preuves pour convaincre le haut commandement de la gendarmerie de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre des deux adjudants, ce qui a conduit à les suspendre de leurs fonctions.

L’enquête approfondie qui a suivi a permis d’évaluer leur degré d’implication dans la multiplication de dépassements organisationnels dont ils se sont rendus coupables, dont une gouvernance qualifiée de «mauvaise» du poste de gendarmerie dont ils avaient la charge.

L’objectif de cette enquête avait aussi consisté à mesurer à quel degré les agissements des deux gendarmes avaient pu entraver la constatation d’infractions routières et le recouvrement des montants dus par les contrevenants.

L’enquête ayant été menée à son terme, indique Al Akhbar, les faits à charge impliquant les deux gendarmes ont été transmis au parquet de Kénitra.

Les deux adjudants ont par la suite été présentés, jeudi 26 juin dernier, au juge d’instruction du tribunal de première instance de cette ville.

Le quotidien relaie aussi le fait que, selon les premiers éléments ayant filtré de cette enquête sur leurs agissements, de graves dysfonctionnements en lien avec des infractions routières ont été relevés, dont la non-inscription d’infractions routières dans des registres dédiés, alors même que les contrevenants s’étaient acquittés du montant de leur amende.

Dans certains cas relevés par les enquêteurs, des reçus ont même été délivrés à des automobilistes, alors que ces documents ne sont pas renseignés selon les modalités réglementaires.

Al Akhbar précise que c’est la vidéo d’un échange des accusés avec un dealer de drogue, diffusée sur les réseaux sociaux en novembre 2023, qui a permis aux enquêteurs d’orienter leurs soupçons vers des dysfonctionnements et des agissements suspects dont se seraient rendus coupables les deux adjudants, et à propos desquels ils devront répondre devant la justice.

Par Fayza Senhaji
Le 30/06/2024 à 19h07