Iran: Un survivant à la potence risque une nouvelle exécution

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Un jeune iranien, condamné à la potence pour trafic de drogue, risque une nouvelle pendaison après avoir survécu à son "exécution".

Le 19/10/2013 à 07h48

Faudra-t-il une nouvelle fois lui passer la corde au cou ? Non, ce n'est pas de l'humour; il ne s’agit pas d’une métaphore mais bien bel et bien d’une pendaison à laquelle Alireza M, un jeune iranien de 37 ans, condamné à mort pour trafic de drogue, a survécu le 9 octobre. Son "exécution" ne s’est en effet pas vraiment déroulée comme prévu. Pendu à la prison de Bojnourd, dans le Nord-Est de l’Iran, le condamné a pourtant été, au bout de 12 minutes de ce qui a été pris pour une longue agonie, déclaré mort par le médecin du pénitencier qui a signé, devant juges et officiels en présence, le certificat de décès. Suite à quoi, le corps a été transporté à la morgue dans une housse mortuaire qui… s’est mise à bouger sous le souffle du mort. On imagine sans mal la stupeur et la frayeur de l’employé de la morgue qui, en effet, 24h plus tard, découvre un cadavre inspirant expirant sous une housse frémissante.Et non, on n’a pas crié au miracle d’une résurrection ou au retour de Lazare. Le survivant a été tout bonnement transporté à l’hôpital, le temps de se remettre pour… une nouvelle pendaison ! Et entreprendre de "requinquer Alireza pour qu'il puisse être exécuté alors qu'il a sûrement dû souffrir terriblement lors de la première pendaison, montre une extrême barbarie", déclare Anne Denis, responsable de la commission pour l'abolition de la peine de mort à Amnesty International France.

Une polémique sans précédentLes juges ne sont cependant pas d’accord sur la question. Faut-il que le condamné repasse par la potence ? Oui, pour certains juges qui considèrent que la sentence est à appliquer jusqu’au bout. Non, selon d’autres qui estiment illégale une seconde pendaison. Le fait est que rien n’est prévu dans la législation iranienne pour un tel cas sans précédent, et les juristes se sont affrontés jeudi pour défendre leur point de vue dans les médias. Aussi, s'il est clair que les survivants aux lapidations, toujours pratiquées, ne peuvent être soumis à une deuxième séance de torture, il n'en est pas de même pour les rescapés de la mort.

Seule évidence : l’abolition de la peine de mort n’est pas à l’ordre du jour. Les douze minutes d’agonie ? Douze minutes de torture. Une deuxième pendaison ? Une idée qui ne fait que souligner "la cruauté et l’inhumanité de la peine capitale", déclare dans un communiqué Amnesty International qui estime à environ 508 les personnes exécutées depuis le début de l’année. L'ONG Iran Human Rights (IHR) a de même interpellé la communauté internationale : "M. Alireza M. a déjà été victime de torture et d'un procédé inhumain à travers son exécution et le monde ne peut pas laisser cela se reproduire", déclare son porte-parole.

Par Bouthaina Azami
Le 19/10/2013 à 07h48