On les voit partout dans une ville qui se veut «smart»: cela fait des décennies que les charrettes à traction animale ont envahi les grands boulevards, plus particulièrement dans les quartiers populaires, pour combler un vide laissé par les moyens de transport en commun.
Un moyen de locomotion archaïque, qui n’est plus toléré par une grande partie des Casablancais, mais aussi par les édiles de la ville.
«Le Conseil de la ville de Casablanca et le ministère de l’Intérieur se dirigent vers l’adoption d’un décret d’interdiction de la circulation des charrettes à traction animale dans l’espace urbain», avait annoncé Nabila Rmili, la présidente du Conseil de la ville de Casablanca, le 5 octobre 2022, au cours de la session ordinaire du Conseil.
Pour Moulay Ahmed Afilal, vice-président du Conseil communal, en charge du nettoiement de Casablanca, cette décision se justifie par «la nouvelle image» de la métropole que les responsables de la ville ambitionnent de projeter, celle d’une smart city. «On ne peut pas vendre l’image de Casablanca comme une ville intelligente alors qu’on y voit circuler des charrettes à traction animale», a-t-il expliqué.
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Autre raison: les Casablancais se plaignent de ce moyen de transport en commun, qui encombre de plus en plus les artères d’une ville en chantier.
«On a reçu des plaintes de citoyens qui sont tombés des charrettes à traction animale et ceux victimes d’accident qui engage la responsabilité de ces charrettes», détaille ce responsable communal.
Après la décision, le dialogue…L'annonce de la maire de Casablanca a entraîné quelques remous, tout particulièrement sur les réseaux sociaux. Les internautes sont divisés, entre ceux qui se félicitent de cette décision, et d’autres qui appellent les élus de la métropole à prendre en considération la situation socio-économique des charretiers, ainsi que les besoins de mobilité d’une partie des Casablancais, qui se retrouvent privés de ce moyen de locomotion.
Le vice-président du Conseil communal tient à les rassurer: «nous devons trouver des alternatives à l'ensemble des personnes concernées par cette décision avant d’appliquer ce décret communal». Un dialogue a d’ailleurs été établi entre le responsable communal et l’association qui représente les charretiers, à cette fin, a expliqué Moulay Ahmed Afilal.
Des calèches pour remplacer les charrettes S’agissant de ces alternatives, l'élu au Conseil de la Ville de Casablanca a demandé aux membres de l’association de «présenter un produit esthétique», comme les calèches. «Il y a des calèches qui circulent partout dans le monde, mais aussi au Maroc, et cela marche très bien», a-t-il indiqué.
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L'interdiction notifiée par le Conseil de la Ville concerne également les charrettes utilisées comme moyen de transport de marchandises, lesquelles «causent beaucoup de problèmes, surtout celles qui transportent des gravats et les évacuent aux quatre coins de la ville», a aussi précisé Moulay Ahmed Afilal.
A ceux-là, le Conseil de la Ville a suggéré une «reconversion vers le secteur formel»: «ces personnes peuvent acquérir des petits camions dans le cadre de l’auto-entrepreneuriat», a-t-il expliqué, une reconversion qui sera bénéfique pour eux, puisqu’ils «passeront de l’informel au secteur formel moyennant une cotisation sociale unifiée». Ils pourront ainsi «profiter de la couverture sociale», a-t-il poursuivi.
En plus de ces explications, cet élu de Casablanca a également demandé aux représentants des charretiers de lui faire part de leurs propositions: «on verra avec eux après la faisabilité de ces actions proposées».
Quid des usagers?Etant donné que les moyens de transports en commun ne couvrent pas l’ensemble du territoire de Casablanca, l’utilisation de ces charrettes à traction animale se justifie donc, selon une partie des Casablancais.
Le Conseil communal de la métropole se dit conscient de ce problème, qui concerne tout particulièrement les zones limitrophes de la métropole.
«Nous sommes actuellement en discussions avec les autorités, pour permettre aux taxis de desservir ces quartiers limitrophes avant l’entrée en vigueur de cette interdiction», a indiqué, rassurant, Moulay Ahmed Afilal.