Le ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad a annoncé devant le Parlement que les violentes intempéries qui ont frappé le sud marocain entre jeudi et samedi dernier ont causé la mort de 36 personnes, selon un nouveau bilan provisoire. Selon Mohamed Hassad, qui s'exprimait lors de la session des questions orales, "quelque 28 personnes ont péri en raison d'un manque de prudence constaté chez des conducteurs de véhicules qui se sont aventurés à traverser des ponts envahis par de gigantesques crues".
Mohamed Hassad a qualifié de "torrentielles et d'exceptionnelles" les pluies qui se sont abattues sur des vastes régions s'étendant de Guelmim (ouest) à Ouarzazate (est) en traversant la vallée de l'Ourika et Sid Fatma (région de Marrakech). Durant ces quatre jours d'intempéries, le niveau des précipitations s'est élevé à 140 millimètres à Agadir, 110 mm à Sidi Ifni, 90 mm à Tzinit. Dans les montagnes de Ouarzazate, il a été relevé 340 mm, et 414 mm à Sidi Fatma.
Une commission d'enquête parlementaireD'après le ministre, les pertes humaines s'élèvent mardi "à 36 morts. 432 personnes ont été sauvées dont 94 héliportées. Nous nous sommes concentrés sur la réouverture de 146 routes et le rétablissement de l'électricité pour 140.000 maisons. Ce mardi, les hélicoptères de l'armée poursuivaient l'acheminement des aides en produits alimentaires vers les zones sinistrées". Les dégâts matériels ont porté sur l'effondrement de 150 maisons en pisé et la destruction de la production agricole, ainsi que la perte du cheptel. "Nous sommes toujours en train d'évaluer les pertes dans le secteur de l'agriculture", a indiqué Mohamed Hassad.
Des députés de l'opposition et de la majorité ont demandé la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire sur ces pertes humaines et matérielles. Driss Lachgar, de l'USFP, a réclamé cette enquête parlementaire pour déterminer les "responsabilités dans la lenteur des secours" et se pencher sur les infrastructures existantes dans ces régions. Des députés de l'opposition ont également regretté le "mauvais" état des routes et "l'absence" de signalement "des zones dangereuses en cas de crues". Abdellah Bouanou, chef du groupe parlementaire du PJD, s'est rangé du côté de l'opposition pour solliciter la mise en place de cette commission, appelant à "ne pas politiser" la nature de cette catastrophe qui est d'ordre naturel.
Nouvelles précipitations ce week-end"Oui il y a eu quelques dysfonctionnements, a-t-il ajouté, nous demandons des éclaircissements. Il ne faut pas oublier que par le passé, le Maroc a connu des catastrophes naturelles similaires". Le règlement de l'intérieur de la Chambre des représentants prévoit la possibilité d'instaurer une commission d'enquête sur un sujet déterminé et pour une mission à durée limitée, à la condition que le projet soit voté par les deux tiers des députés.
A noter que la météorologie nationale annonce pour la fin de semaine l’arrivée d’une nouvelle dépression. Dès jeudi, des précipitations potentiellement plus importantes que celles enregistrées le weekend dernier s’abattront sur le pays, et porteront sur l’ensemble du territoire, avec des risques d’inondations très importants pour les villes du sud. Agadir, en particulier, pourrait enregistrer entre 150 et 300 mm de pluie en trois jours, soit autant qu'en une année entière. Cette dépression va déclencher des vents violents le long du littoral, de puissants orages sur les terres et de très importantes précipitations. Les déplacements sont fortement déconseillés de jeudi à samedi dans la région atlantique délimitée par le triangle Marrakech, Agadir, Safi. La météo prévoit une accalmie pour dimanche.