"Les progrès réalisés en matière de droits humains sont loin d’égaler les promesses", constate l’organisation des droits de l’homme, Human Rights Watch, dans son rapport 2014 sur le Maroc. L’ONG ne mâche pas ses mots. "Au cours des deux ans et demi qui se sont écoulés depuis que le Maroc a approuvé une nouvelle constitution, le gouvernement n’a adopté aucune législation pour donner force de loi aux fortes protections des droits humains de la constitution".
C’est surtout la réforme de la justice qui en prend un coup. "Le projet lancé par le roi Mohammed VI en 2009 pour réformer le système judiciaire et renforcer son indépendance n’a jusqu'ici produit que des recommandations émanant d’une haute commission", constate l’organisation. Et de rappeler que "le 12 septembre 2013, le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, a dévoilé des propositions sur la réforme judiciaire". De l’avis de HRW, "si ces propositions étaient appliquées, elles pourraient accroître l’indépendance judiciaire" dans la mesure où elles "comprennent la diminution du contrôle exécutif sur les procureurs".
En matière de liberté d’expression, l’organisation internationale dresse un bilan mi-figue, mi-raisin. "Des peines de prison pour délits d'expression sont toujours inscrites dans le code de la presse, en dépit d'un engagement pris il y a deux ans par le ministre de la Communication de tâcher de les supprimer", lit-on dans le rapport 2014. Rappelez-vous, Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication, et Mustapha Ramid, ministre de la Justice, avaient initié un débat national pour la refonte du code de la presse visant surtout à éliminer les peines restrictives de liberté. En dépit des recommandations et des décisions annoncées par les deux départements, le code n’a toujours pas été adopté. Néanmoins, le rapport de HRW relève que "les médias imprimés et en ligne indépendants continuent d’enquêter et de critiquer les membres et les politiques du gouvernement" et que "la télévision d’Etat marocaine offre une certaine marge pour le débat et le journalisme d’investigation". Il apparaît par ailleurs, que "les Marocains et leur société civile dynamique ont bénéficié d’une certaine liberté de critique et de protestation contre les politiques du gouvernement en 2013", conclut l’organisation.