Hyperactivité, cancers, anesthésie… La pénurie de médicaments s’aggrave

Des médicaments dans une pharmacie.

Revue de presseFace à des ruptures de stocks de plus en plus fréquentes, notamment concernant les médicaments destinés au traitement du TDAH, la pénurie pharmaceutique dans le Royaume inquiète. Entre souffrance des familles, dysfonctionnements dans les chaînes d’approvisionnement et responsabilités partagées entre ministère de la Santé et Agence marocaine des médicaments, le système peine à répondre à une demande pressante et croissante. Cet article, est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 13/05/2025 à 18h18

Il ne se passe pratiquement pas un jour sans que l’on entende parler d’une pénurie de médicaments essentiels, qu’il s’agisse de traitements contre le cancer, ou de médicaments pour les maladies cardiovasculaires ou le diabète…

Cette fois-ci, ce sont les médicaments utilisés dans le traitement du trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) qui sont concernés par des ruptures répétées, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mercredi 14 mai.

À ce sujet, Rachid Hammouni, président du groupe du Progrès et du Socialisme à la Chambre des représentants, a adressé une question écrite au ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tahraoui, concernant la pénurie récurrente de médicaments pour le TDAH dans les pharmacies du Royaume.

Il a alerté sur les souffrances croissantes des familles prenant en charge des enfants atteints de ce trouble neurologique et comportemental, courant.

Le député a souligné que l’aggravation de cette crise nécessitait une intervention urgente du ministère afin d’assurer une disponibilité régulière de ces médicaments à des prix abordables, tenant compte du pouvoir d’achat des Marocain(e)s.

Selon les spécialistes, le TDAH est un trouble du développement neurologique qui apparaît durant l’enfance et peut persister à l’adolescence et à l’âge adulte sous différentes formes et symptômes.

Les causes exactes de ce trouble ne sont pas encore clairement définies par la science, et son diagnostic doit être posé par un médecin spécialisé.

«Les médicaments sont essentiels pour réguler le comportement des personnes atteintes de TDAH, en améliorant leur concentration et leur attention sur de plus longues périodes, en réduisant l’hyperactivité et l’impulsivité, et en renforçant les récepteurs chimiques dans les cellules cérébrales», a-t-il déclaré.

La pénurie persistante affecte de nombreux médicaments et touche aussi des substances anesthésiantes utilisées dans divers actes médicaux et chirurgicaux, qui sont eux aussi devenus rares dans de nombreux établissements de santé, en raison des retards d’approvisionnement des pharmacies hospitalières.

S’y ajoutent certains médicaments pour l’hypertension, la tuberculose, ou encore des traitements sans alternative pour des maladies chroniques comme les troubles de la thyroïde, des maladies mentales et psychologiques.

Les urgences médicales et chirurgicales dans les hôpitaux publics souffrent également d’un manque d’équipements médicaux et rencontrent de grandes difficultés à s’approvisionner en médicaments pour les cas urgents, poussant ainsi de nombreuses familles à chercher ces médicaments dans les pharmacies privées.

«Ce qui est à la fois absurde et triste, c’est que certains professionnels de santé achètent eux-mêmes, sur leurs fonds personnels, les équipements nécessaires à leur travail, comme les gants médicaux. C’est par exemple le cas à l’hôpital pour enfants Harouchi rattaché au CHU Ibn Rochd à Casablanca, où la pharmacie de l’établissement fait appel à celle de l’hôpital 20 Août, censée être la plus grande du centre, mais revient bredouille, cette dernière n’ayant pas les produits requis», écrit-on encore.

Alors que l’on attendait de la création de l’Agence marocaine des médicaments qu’elle surveille les stocks stratégiques et assure le financement régulier du marché, dans le cadre de ses prérogatives légales, force est de constater qu’il ne se passe pas un jour sans que l’on entende parler de patients souffrant d’un manque ou d’une rupture répétée de médicaments.

Le changement institutionnel dans le système de gestion des médicaments, qui a transféré la responsabilité du ministère de la Santé à l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé conformément à la loi n°10.22, n’a pas encore été accompagné d’une coordination suffisante avec les fabricants et les distributeurs, entraînant des perturbations fréquentes dans les chaînes d’approvisionnement.

Par Walid Ayadi
Le 13/05/2025 à 18h18