GenZ212. Habitants d’Aït Amira: «Les casseurs ne nous représentent pas»

À Aït Amira, le mercredi 1er octobre, une agence bancaire a été ravagée par les flammes lors d’une manifestation de GenZ212 qui a dégénéré. (M.Oubarka/Le360)

Le 02/10/2025 à 16h30

VidéoAprès une nuit d’affrontements marquée par des scènes de destruction dans la commune d’Aït Amira, près d’Agadir, habitants et acteurs locaux expriment leur indignation. Banques incendiées, commerces saccagés et véhicules de la gendarmerie brûlés: la population locale condamne des débordements.

La commune d’Aït Amira, dans la province de Chtouka Aït Baha, s’est réveillée mercredi 1er octobre sous le choc. La veille, plusieurs actes de violence ont été enregistrées en marge de manifestations réclamant l’amélioration des services de santé, la réforme de l’éducation et davantage d’opportunités d’emploi.

Si la mobilisation était au départ pacifique, elle a rapidement dégénéré. Des groupes d’individus se sont livrés à des actes de vandalisme: des agences bancaires ont été vandalisées et incendiées, plusieurs commerces pillés, tandis que des véhicules des forces de l’ordre, notamment la Gendarmerie royale et les Forces auxiliaires, ont été brûlés.

Dans les ruelles encore marquées par les flammes et les vitres brisées, la colère des habitants est palpable et elle vise les casseurs.

Idriss, résident d’Aït Amira, s’indigne: «Les gens ont le droit de manifester, de réclamer leurs droits. Mais s’en prendre aux gens, aux institutions, ça, ce n’est pas acceptable. Brûler une banque ou attaquer des commerces, jamais!»

Même son de cloche chez Abdellah, qui regrette que le mouvement ait basculé dans la violence: «Attaquer les forces de l’ordre et allumer des incendies, non. C’est grave, ce n’est pas dans l’intérêt des jeunes. Quand on réclame ses droits, on doit le faire de manière pacifique. Pas par la destruction.»

Une population qui se désolidarise

Les témoignages se succèdent, tous condamnant des actes jugés «étrangers à la culture locale». Jawad, lui aussi habitant d’Aït Amira, se dit profondément attristé: «On a vu des agences bancaires saccagées, des voitures de la gendarmerie incendiées. Les éléments des forces de l’ordre sont nos frères, nos enfants. Les habitants d’Aït Amira sont connus à l’échelle nationale pour être des gens éduqués et de bons travailleurs. Ce qui s’est produit ne représente en rien nos valeurs.»

Sur les lieux, le constat est amer: des vitrines éventrées, des commerces entièrement calcinés, des intérieurs réduits en cendres. Dans une rue, la carcasse noircie d’un véhicule témoigne de la violence de la nuit. Des guichets automatiques sont arrachés, leurs écrans brisés. Le silence du matin tranche avec le chaos de la veille. Des habitants circulent avec effroi entre les débris encore fumants.

Les habitants d’Aït Amira insistent: les manifestations pour de meilleurs services publics sont légitimes, mais les violences décrédibilisent leur cause.

Par M'hand Oubarka
Le 02/10/2025 à 16h30