Exclusif. Nouvelles révélations sur le scandale de l’inceste à Aïn Aouda

Le demi-frère de S.M., qui témoigne le 2 septembre 2025 sur l'affaire d'inceste qui a secoué sa famille à Aïn Aouda, dans la région de Rabat. (Y.Mannan/Le360)

Le 02/09/2025 à 18h56

VidéoUn voile d’effroi s’est abattu sur la petite localité d’Aïn Aouda, près de Rabat. Ce qui n’était d’abord qu’une rumeur est devenu une affaire qui glace d’horreur: un scandale d’inceste révélé au grand jour, mettant à nu une tragédie familiale aux ramifications insoutenables.

La bourgade d’Aïn Aouda, dans la région de Rabat, est sous le choc. Derrière des apparences banales, un secret insoutenable a été mis au jour: un père aurait eu quatre enfants avec sa propre fille, transformant une vie de silence en drame d’une violence inouïe.

Le présumé auteur, désigné par les initiales S.M., aujourd’hui incarcéré, est accusé d’avoir eu, durant des décennies, des relations incestueuses avec sa propre fille. De cette union forcée sont nés quatre enfants — trois filles et un garçon — et non pas six, comme initialement annoncé par les médias. La fille, âgée aujourd’hui de 39 ans, mère mais aussi victime, a elle aussi été arrêtée.

Selon des témoignages recueillis par Le360, l’histoire remonte à l’enfance de S.M., d’origine subsaharienne, adopté par une famille du village de Douar Ouled Boutayeb (commune d’El Menzeh, à une vingtaine de kilomètres de Rabat). On le décrivait comme un ouvrier agricole discret, menant une vie en apparence ordinaire. Mais derrière ce calme se cachait un drame inavouable.

«Le présumé coupable était devenu plus tard un ouvrier agricole vivant calmement», a affirmé son demi-frère. Cette phrase résume la manière dont l’accusé avait réussi à se fondre dans le décor du village. Rien, au premier abord, ne laissait deviner le drame enfoui derrière cette vie ordinaire, ponctuée par les travaux des champs et la discrétion d’un quotidien sans éclat.

Une filiation douloureuse et une identité effacée

Le basculement s’est produit, raconte encore son demi-frère, «le jour où une des trois sœurs a voulu établir son identité auprès de la circonscription afin de sceller un mariage avec un jeune du douar». Autrement dit, c’est la démarche administrative la plus banale, celle d’une union promise, qui a ouvert une brèche dans des décennies de silence. Le mariage, symbole de légitimité sociale, a paradoxalement révélé l’illégitimité d’une filiation.

Face aux blocages, «les beaux-parents, incapables d’obtenir les papiers nécessaires de la future fiancée, ont porté plainte avant que l’affaire n’éclate publiquement et au grand jour». Dans un monde rural où l’honneur et la discrétion pèsent lourd, le recours à la justice traduit l’impasse et le désespoir d’une famille confrontée à l’impensable.

Cette affaire «a créé une stupeur au sein du village». Désormais entre les mains de la justice, elle a conduit à la désignation d’un juge d’instruction. Les auditions se poursuivent.

Au-delà de l’émotion, l’affaire rappelle l’urgence d’une vigilance accrue face aux violences incestueuses, souvent révélées seulement lorsque le drame devient irréparable.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 02/09/2025 à 18h56