La Cour d’appel de Safi a condamné, le week-end dernier, l’ancien président du conseil communal d’El Hanchane (province d’Essaouira), l’ex vice-président du conseil provincial d’Essaouira, une femme de ménage et un chauffeur d’ambulance à des peines de prison cumulées de 85 ans. Les quatre accusés étaient poursuivis pour tentative d’empoisonnement sur une femme portant la double nationalité maroco-suisse. Le quotidien Al Massae précise, dans son édition du mardi 16 novembre, que la femme de ménage a écopé de 25 ans de prison ferme, tandis que les trois autres accusés ont été condamnés à 20 ans de prison ferme chacun.
La victime avait déposé, devant le procureur du roi près le tribunal de première instance d’Essaouira, une plainte pour tentative d’empoisonnement à l’encontre d’une femme de ménage, d’un fonctionnaire et d’un technicien exerçant dans une commune rurale. La plaignante a indiqué qu’elle avait découvert que la femme de ménage tentait de l’empoisonner avec la complicité d’autres accusés. La victime et son mari s’en sont aperçus quand ils ont constaté une dégradation de leur état de santé, suivie d’une perte de poids anormale.
Le quotidien Al Massae rapporte que le couple a été, en outre, intrigué par le comportement inhabituel de la femme de ménage qui ne voulait plus partager les repas avec eux. Pour en avoir le coeur net, le couple a installé une puce «mouchard» dans son téléphone portable pour enregistrer ses communications, avant de quitter la maison pendant deux jours. A leur retour, ils ont téléchargé les enregistrements pour découvrir que l’aide ménagère était en relation avec deux individus avec lesquels elle discutait d’un produit toxique qu’elle mettait régulièrement dans leurs repas.
Prise en flagrant délit, l’empoisonneuse n’a pas tardé à leur avouer qu’elle mélangeait les aliments avec des substances toxiques qu’elle achetait chez un herboriste. Avisés, les éléments de la gendarmerie ont interpellé la femme de ménage et ses deux complices, placés en garde à vue pour les besoins de l’enquête.
Au cours de leur interrogatoire les deux accusés ont avoué que c’est l’ex- président de la commune d’El Hanchane qui les avait poussés à empoisonner la femme, en invoquant des raisons électorales. Ce dernier n’aurait pas apprécié que cette maroco-suisse, qui vient de s’installer dans la région, puisse s’adonner à des activités caritatives qu'il a interprétées comme une précampagne électorale. Croyant qu'elle allait se présenter aux élections, il a concocté ce plan diabolique pour se débarrasser de sa supposée concurrente et faciliter sa réélection. Sauf que la justice l’a prise dans ses filets et il est devenu, de ce fait, éligible à 20 ans de prison ferme en compagnie de ses complices.