Les données sur la migration des mineurs sont souvent à prendre avec des pincettes, car le phénomène est difficile à chiffrer. Souvent très mobiles, ces jeunes évitent le contact avec les autorités au cours de leur périple migratoire, précise un document de l’UNICEF. Libération, dans son édition du vendredi 2 octobre, revient sur ce phénomène migratoire, avec un éclairage sur les jeunes marocains en Espagne. Il n’existe aucun système centralisé de collecte ni de suivi des données concernant les enfants marocains qui traversent les frontières pour entrer en Europe ou circuler au sein de l’espace européen, selon ce même organisme. Les expulsions et les rapatriements arbitraires ne sont pris en compte par aucune source, tout comme le trafic d’enfants.
Le quotidien francophone est allé rechercher des chiffres remontant à 2005 et faisant état d’environ 1.000 mineurs non accompagnés présents aux Iles Canaries. D’autres, datant de 2007, évoquent 4.400 enfants dont la majorité, constituée de garçons de 15 à 16 ans, vivait en Espagne. Des données récentes de l’association représentative des officiers de la Guardia civil (AUGC) révèlent que 400 enfants marocains non accompagnés vivent à Mellilia et que 50 à 60 mineurs sont appréhendés quotidiennement et placés dans les centres de protection sociale. Car ces mineurs vivent pour la plupart dans la rue, errant sur le port de la ville en attendant une possibilité de traverser le Détroit.
Le journal décrit une situation qui remet en cause l’efficacité des instruments juridiques nationaux et binationaux dédiés à la protection de ces mineurs. Il n’existe aucun instrument législatif, international ou régional, concernant spécifiquement la migration des mineurs non accompagnés. Seules les conventions internationales sur les droits de l’enfant, les réfugiés ou la traite des êtres humains peuvent être appliquées, selon le rapport de l’UNICEF.
Le Maroc et l’Espagne ont ratifié, le 23 décembre 2003, un Mémorandum d’entente (ME) sur les migrants mineurs non accompagnés, lequel s’est transformé en 2007 en accord bilatéral. Un texte motivé davantage par des intérêts nationaux, notamment la sécurité des frontières, que par la volonté de protéger ces mineurs, affirme Libération.