Présentées fin de semaine dernière à Rabat, les conclusions de l’enquête nationale 2023 de l’Institut royal des études stratégiques sur le lien social sont des plus riches en enseignements. C’est le cas notamment pour le volet réservé au sentiment de sécurité chez les Marocains et leur perception des institutions sécuritaires qui y veillent. L’enquête a ainsi relevé une grande amélioration des indicateurs de confiance des citoyens envers ces appareils ainsi que du sentiment de sécurité. Ce dernier est passé de 77% en 2016 à 85% en 2023.
Fait notable: l’enquête souligne que pour les citoyens, la sécurité relève du domaine de l’acquis. À aujourd’hui, il ne s’agit nullement d’une préoccupation chez les Marocains, précise l’IRES qui a organisé, jeudi 2 mai 2024 à la salle des conférences de son siège à Rabat, un séminaire dédié à la présentation des principales conclusions de la 3ème édition de l’enquête nationale sur le lien social, dans ses volets «sécurité et médias». Une enquête menée tout le long de l’année écoulée dans le cadre de son programme d’études intitulé «Lien social au Maroc: quel rôle pour l’État et l’ensemble des acteurs sociaux?».
Intervenant à cette occasion, Mohammed Tawfik Mouline, directeur de l’IRES, a souligné que les champs «sentiment de sécurité» et «les médias et le monde virtuel» figurent parmi les nouvelles thématiques dont l’enquête a été enrichie, leur impact et influence sur le lien social au Maroc étant avéré.
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Consciente de l’importance capitale du sentiment de sécurité dans la société, comme élément fondateur de l’État de droit mais aussi de la paix sociale, et parallèlement au travail des services opérationnels de sûreté, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) multiplie les mécanismes d’une communication proactive et transparente, pilier essentiel du renforcement de ce sentiment. Son bilan 2023 est parlant en la matière: on notera notamment 4.955 activités de communication, dont 1.488 portent sur des missions d’information, 56 mises au point pour démentir les fake news, détection de 260 contenus criminels à caractère violent en vue de lutter contre les rumeurs et dissiper les cas de sentiment d’insécurité qui pourraient être engendrés, 2.873 reportages de terrain, une présence soutenue sur les réseaux sociaux avec 538 contenus publiés et quelque 1,1 million d’abonnés.
L’organisation, en 2023, de la 4ème édition des portes ouvertes de la Sûreté nationale à Fès (1,1 million de visiteurs), s’inscrit dans cette même logique. De la même manière, et pour la seule année dernière, la DGSN a mené des réunions de coordination et de concertation au niveau régional et local avec 1.821 associations et ONGs axées sur des questions liées aux attentes des citoyens concernant l’institution sécuritaire.
Par ailleurs, et s’agissant du thème «les médias et le monde virtuel» également ajouté cette année, l’enquête a montré que les médias classiques (radio, télévision et journaux) ont cédé la place à la presse électronique et aux réseaux sociaux, qui ont un impact confirmé sur le lien social au Maroc, tout en précisant que 76% de l’échantillon interrogé en 2023 utilise internet contre 36% en 2016, et ce, en dépit du danger incarné par le monde virtuel sur le lien social (71%), sur la contribution à la propagation des fake news (85%) et ses effets négatifs sur la santé physique et mentale des enfants (89%).
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À la fois mécanisme de suivi stratégique, think tank et forum de débat, l’Institut royal des études stratégiques a pour vocation de contribuer à éclairer la prise de décision stratégique. Sa mission est de mener des études et des analyses stratégiques sur les questions dont il est saisi par le Souverain et d’assurer une fonction de veille, au niveau national et international, sur des domaines jugés stratégiques pour le pays. Il analyse les questions nationales à caractère structurel, examine les relations extérieures du Maroc dans leurs multiples dimensions et accorde un grand intérêt aux questions globales.
Son directeur, Mohammed Tawfik Mouline, né le 4 avril 1952 à Rabat, est une sommité. Diplômé de l’École polytechnique de Paris 10 en 1974 et de l’École nationale supérieure des mines de Paris en 1976, il a entamé sa carrière à l’OCP avant de passer au Département du Premier ministre en tant que chargé de mission et d’assumer par la suite plusieurs responsabilités au sein du groupe ONA. Entre juillet 1995 et juin 2003, il est à la tête de la Direction des études et des prévisions financières au ministère de l’Économie et des Finances. Il rejoint par la suite le Cabinet royal en tant que chargé de mission où il mène des études stratégiques. Il est notamment membre du comité de rédaction du Rapport du cinquantenaire sur le développement humain. En novembre 2007, il est nommé directeur général de l’IRES.
La rencontre organisée jeudi à Rabat s’inscrit dans le cadre des débats qu’organise cet institut. Preuve de son grand intérêt, y ont pris part des représentants de l’Institut en question, des ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger et de la Justice, de l’état-major des Forces armées royales (FAR), de la Gendarmerie royale, de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Le Conseil national de la presse, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) et la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA) y ont également été représentés.