Les droits des femmes sont loin d’être appliqués à la lettre dans de nombreux pays du monde. Et selon l’écrivaine Halima Zine El Abidine, qui a participé à New York le 17 mars dernier à un colloque de personnalités féminines mis en place par l’ONG Jossour Forum des femmes marocaines, le Maroc fait partie de ces pays, comme le rapporte le journal Libération dans son édition du vendredi 27 mars. Réunis à Beijing (Pékin) en 1995, les gouvernements avaient mis en place une feuille de route pour éliminer les discriminations à l’égard des femmes dans la loi et dans la pratique. En 2015, force est de constater que la volonté politique nécessaire pour traduire ces engagements en actions a fait défaut. Non seulement les progrès ont été lents et parfois hésitants, mais dans certains pays les droits des femmes ont connus de sérieux reculs.
Le bilan de Halima Zine El Abidine, écrivaine de renom, ne peut être que négatif. Elle a ainsi exhorté les partis politiques et différentes ONG à promouvoir les droits des femmes et l’égalité homme-femme. Elle en a également profité pour lancer des pics au gouvernement actuel. «Certains principes de parité, de justice sociale et d’égalité des chances se heurtent malheureusement à un esprit rétrograde et obscurantiste qui ne reconnaît pas les droits des femmes et leurs acquis, plus précisément avec l’arrivée des tenants de cet esprit aux postes de décisions politiques» a t-elle expliqué devant l’auditoire. Le journal francophone rappelle ainsi les sorties médiatiques officielles du chef du gouvernement actuel, Abdelilah Benkirane, qui dévalorisent l’image de la femme. Car les quelques avancées dues notamment aux actions menées par Jossour FFM sont loin d'être suffisantes selon Zine El Abidine. L’écrivaine pense que «cette vision négative et réductrice, durant les quatre dernières années, a eu pour conséquence le blocage de la mise en œuvre des dispositions des textes de loi, qui sont restées lettre morte même si certaines lois ont été modifiées sans jamais être appliquées, et ce au niveau de différents secteurs ».
Les défis pour parvenir à une égalité réelle sont donc encore nombreux. Des combats difficiles pour obtenir ces droits attendent donc les différentes ONG qui, selon Halima Zine El Abidine, doivent "ajuster leur stratégie afin de changer les mentalités et la culture dominante, pour être en mesure de fortifier les acquis juridiques et d'imposer des droits économiques et sociaux pour les femmes et de ne pas isoler leurs revendications du projet de la réforme sociale, et de préparer les femmes et avec elles toutes les forces démocratiques pour barrer la route aux nouvelles forces conservatrices qui tentent de revenir sur les acquis obtenus ces dernières années". Vaste programme pour enfin voir la femme au niveau de l’homme dans le droit et dans les actes.