Beaucoup ne le savent pas ou feignent l'ignorer, Aid Al-Adha est avant tout une fête du sacrifice. Les croyants et pratiquants sont censés faire preuve de plus de générosité envers les démunis.
Suivant la sunna, il faut en effet faire don d’une partie de la viande du mouton sacrifié. Et ce don, certains en font tout un business. Le360 s’est en effet déplacé à Sidi Othmane, l'un des quartiers casablancais réputés pour ce business de la viande de l’Aid.
Du côté du cinéma Othmania, une vieille salle connue dans ce quartier, on aperçoit d’emblée plusieurs personnes avec de grands sacs remplis de viande à la main. Des gens, connaissant ce trafic, viennent les aborder, tentant de dénicher la bonne affaire. Car, il faut bien le souligner, l’avantage de ce business, tenu à l'abri des regards des services de police, c'est le prix. Un kilo de viande est vendu entre 30 et 50 DH, contre 70 DH au moins chez le boucher. Certains revendeurs sont près à la céder à 20 DH le kilo.
Du coup, nombreux sont tentés de s’approvisionner auprès de ses demandeurs d’aumône qui, l’espace d’une journée, se transforment en commerçants de viande.
Le business est tellement attractif qu’il attire même certains professionnels indélicats. Sous couvert d’anonymat, l'une «des clientes» approchée par Le360 reconnaît que certains gérants de snacks s'y approvisionnent par personnes interposées pour constituer leur stock de viande à bon marché.
Si le don de viande de l'Aid Al-Adha est un geste de générosité et de partage, sa revente suscite toutefois bien des questions. Les gens qui font ce business, qui fleurit un peu partout au Maroc, sont-ils conscients des risques que représente cette viande pour la santé des citoyens? Une viande qui, compte tenu des conditions de son emballage et de transport en ces temps de forte chaleur, devient forcément impropre à la consommation.