A quelques jours de deux fêtes (Aid Al Fitr et la Fête du trône) où le souverain gracie généralement des centaines de personnes, l’escroquerie à la grâce royale vient se rappeler à notre bon souvenir avec l’épilogue de l’affaire qui secoue depuis plusieurs mois la prison Oudaya de Marrakech. Selon Al Massa’e de ce mardi 14 juillet, deux fonctionnaires de la Délégation générale de l’administration pénitentiaire et de la réinsertion (DGAPR) ont été écroués sur ordre du juge d’instruction de Marrakech. Le journal explique que les deux fonctionnaires en question, suspendus depuis plusieurs mois par leur hiérarchie, seront poursuivis pour escroquerie. L’année dernière, et à l’occasion du 15ème anniversaire de l’intronisation du roi Mohammed VI, ils avaient promis à un détenu français de l’inclure sur les listes des prisonniers éligibles pour une grâce royale contre la somme de 300.000 DH. Yuri, condamné à 10 ans de prison pour falsification de monnaie, a donc déboursé la somme demandée aux deux fonctionnaires (tous deux des chefs de quartier), mais n’a rien vu venir. Il a fini par écrire à la DGAPR qui a ouvert une enquête. Les investigations ont démontré que d’autres fonctionnaires étaient également impliqués, dont un ancien chef de détention à la même prison ainsi que deux de ses adjoints.
Quand l’ambassade française s’en mêleAssabah, qui s’intéresse à la même affaire dans son édition de ce mardi, donne une version légèrement différente de celle d’Al Massa’e. Ne serait-ce que concernant le montant du pot-de-vin qui serait de 140.000 plutôt que de 300.000 DH. Mais le quotidien affirme surtout que l’ambassade française, alertée par le détenu victime de cette escroquerie, est entrée en matière. Résultat: les investigations ne se sont plus limitées à celles menées en interne par la DGAPR, la BNPJ ayant pris le relais. L’enquête a aussi levé le voile sur le rôle d’un chef de détention qui avait bénéficié d’un stage de perfectionnement aux Etats-Unis, la prison Oudaya étant le projet pilote des prisons 2.0 au Maroc. Là, l’enquête est pratiquement bouclée. Il ne reste plus qu’à attendre un procès qui risque de ternir davantage l'image d'une administration que Mohamed Saleh Tamek peine à assainir.