Covid-19: pourquoi certaines personnes échappent-elles à la contamination?

Des adolescents de 12-17 ans sont accueillis dans un centre de vaccination d'Oujda pour y recevoir leur première dose de vaccin, le 1er septembre 2021. 

Des adolescents de 12-17 ans sont accueillis dans un centre de vaccination d'Oujda pour y recevoir leur première dose de vaccin, le 1er septembre 2021.  . MAP

Le 08/02/2022 à 14h34

VidéoDepuis le début de la pandémie en 2020, certains individus n’ont jamais contracté le virus, même en présence de personnes contaminées. Ont-ils une meilleure immunité ou sont-ils particulièrement chanceux? Quelques pistes d’explications, avec les avis de médecins.

Après plus de deux ans de pandémie, certains n'ont encore jamais contracté le virus, même en ayant été cas contact à plusieurs reprises, et même en n'étant pas vaccinés. D'autres, à l'inverse, malgré leur respect des gestes barrières, ont été contaminés par le Covid-19, jusqu'à trois fois... 

Pour le professeur Kamal Marhoum Filali, chef du service des maladies infectieuses du CHU Ibn Rochd à Casablanca, la première raison à ce mystère est évidente: il s'agit de la vigilance extrême dont font preuve ces personnes. «Si nous respectons rigoureusement les mesures barrières mises en œuvre, à savoir le port du masque, la désinfection et le respect de la distanciation sociale, les chances restent minimes de contracter le virus», explique-t-il, interrogé par Le360.

Cependant, d'autres hypothèses permettraient aussi d'expliquer pourquoi certains pensent avoir échappé à contracter le SARS-CoV-2: alors qu'ils pensent n’avoir jamais contracté le Covid-19, ils pourraient en fait avoir déjà été contaminés sans le savoir. Ce sont des cas asymptomatiques, c'est à dire qu'ils n'ont pas développé de symptômes visibles au moment où ils ont contracté le virus.

«Des statistiques récentes ont montré qu’avec les dernières souches du Covid-19, sur 100 personnes contaminées, 40 restent asymptomatiques et ne savent jamais qu’elles ont été infectées. Les dernières recherches démontrent qu'avec Omicron, 80% jusqu'à 90% des personnes sont asymptomatiques», indique, lui aussi interrogé par Le360, le Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en systèmes et politiques de santé.

Ce docteur en médecine précise que seul un bilan sanguin permet de savoir si l’on a déjà contracté le Covid-19 ou non, et que les personnes qui ne l'ont pas été à ce jour ne sont pas épargnées par le risque toujours possible d'être contaminées.

Ces personnes «peuvent être infectées, surtout si de nouveaux variants font leur apparition, avec des taux de transmissibilité encore plus élevés que ceux qui existent à ce jour. Le vigilance reste donc de mise et la vaccination est la meilleure des armes», explique le docteur.

Troisième hypothèse, selon le Pr. Kamal Marhoum Filali: l’immunité croisée. Le fait d'avoir été régulièrement confronté à des maladies permet aussi, une fois adulte, d'avoir un système immunitaire à même de mieux lutter contre le SARS-CoV-2.

«D’autres personnes ont probablement une petite immunité vis-à-vis du coronavirus. Une personne qui aurait attrapé un rhume provoqué par un coronavirus, et ce même avant la pandémie, puisque ce virus existait déjà, pourrait être protégée contre le SARS-CoV-2, responsable de la Covid-19. Ces derniers développent une immunité croisée qui protège à un certain degré contre une éventuelle contamination liée au Covid-19», explique le professeur de médecine.

Quatrième hypothèse, selon ce médecin: la génétique. «La protéine Spike est la clé qui permet au SARS-CoV 2 de pénétrer dans nos cellules. Elle est en outre l’une des cibles de notre système immunitaire face à l’infection, et celle de vaccins actuellement en développement. C’est en effet elle qui permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules humaines, via des récepteurs nommés Enzyme de Conversion de l'Angiotensine 2 ou ACE 2, or, chez certaines personnes, ces récepteurs sont défaillants, car c’est un problème génétique, ce qui les rend protégés à une éventuelle contamination liée au Covid-19», précise cet infectiologue.

Et pour le Dr Tayeb Hamdi, il y a encore une cinquième hypothèse: le fait d'appartenance au groupe sanguin O. «Certaines études publiées en 2020 en Chine ont prouvé l’existence d’une différence quant au degré de l’infection chez l’individu du groupe sanguin O, qui serait moins sujet que les autres à l’infection, mais aussi moins prédisposés à développer des formes graves de la maladie», explique-t-il.

Le Pr Marhoum Filali explique enfin qu'«une personne qui dispose d’un bon système immunitaire pourra se défendre facilement contre le virus, notamment grâce à la vaccination contre le Covid-19, à une bonne hygiène de vie, à une routine sportive, et à un bon cycle de sommeil». Des conseils de bon sens, en somme. 

Par Yousra Adli
Le 08/02/2022 à 14h34