Il était une fois, au Maroc, une vie sans Covid-19, jusqu'à cette soirée du lundi 2 mars 2020 où le premier cas a été détecté. Avant, et pendant de longues semaines, le Royaume était encore épargné par ce virus qui semblait infecter tant d'autres pays. Jusqu'à ce jour-là, le plus pessimiste d'entre nous prédisait la disparition de cette pandémie dans les 3 à 4 mois suivants. Il n'en fut rien, et le virus de la Covid-19 fête son premier anniversaire, tout en continuant à faire des victimes partout dans le monde.
Assabah consacre son éditorial du mercredi 3 mars à ce premier anniversaire pas comme les autres. Dans sa rétrospective, le journal se souvient de cet attroupement devant l'hôpital Moulay Youssef de Casablanca, le jour où le premier cas positif au Covid-19 y a été admis. Jusqu'à cet instant, personne ne se doutait que ce virus, qui s'était immicé dans les bagages d'un Marocain rentré d'Italie, allait survivre aussi longtemps, ni même qu'il allait donner naissance à une descendance britannique,
brésilienne et sud-africaine.
Ce soir-là, les Marocains prenaient encore la situation avec leur légendaire sens de l'humour et de la dérision. A l'époque, ils étaient surtout intéressés par le sort qui avait été réservé aux autres coronavirus nés et disparus sans que personne ne leur ait prêté réellement attention. Ce ne sera pas le cas du virus de la Covid-19 qui, lui, dès sa naissance, semblait décidé à jouer les trouble-fêtes... même ici au Maroc.
Le quotidien se souvient que, durant ces premiers jours qui ont suivi l'arrivée du virus dans le Royaume, les ambulanciers et les soignants se sont empressés de trouver un bon repas ou tout ce qui pourrait assurer du confort et du réconfort aux quelques cas détectés, sans se douter de ce qui les attendait durant les mois à venir. Car le virus n'avait qu'un seul objectif: se multiplier, encore et encore, jusqu'à faire rapidement exploser le nombre de cas détectés chaque jour. Alors qu'ils se comptaient sur le bout des doigts, ils allaient devenir des dizaines, puis des centaines.
Prenant conscience de l'ampleur de la situation, les Marocains ont été appelés, le mois même de la détection du premier cas, à rentrer chez eux, à se confiner et à ne sortir qu'en cas d'urgence. L'espoir était alors que le confinement puisse réduire la courbe de la contamination pour en finir une fois pour toute avec le virus.
Mais c'était sans compter avec la fête de l'Aïd Al-Kébir. Malgré les efforts pour limiter la mobilité des Marocains, il a été difficile de les priver des joies familiales de cette fête sacrée. Alors que les familles fêtaient normalement cette journée en occultant la pandémie, le virus, lui, préparait soigneusement sa remontada. Le score fut sans appel. Avec plusieurs milliers d'infections chaque jour, le virus est parvenu à s'immiscer dans le quotidien de chacun d'entre nous, au point que son anniversaire n'est pas passé inaperçu.