Covid-19: au Maroc, une troisième dose du vaccin est-elle envisageable?

Un agent de santé prépare une dose du vaccin AstraZeneca contre le coronavirus, lors d'une campagne de vaccination à la prison d'El-Arjat, à Salé, le 26 mai 2021.

Un agent de santé prépare une dose du vaccin AstraZeneca contre le coronavirus, lors d'une campagne de vaccination à la prison d'El-Arjat, à Salé, le 26 mai 2021. . Fadel Senna / AFP

Dans le monde, les sociétés pharmaceutiques sont unanimes en ce qui concerne l’administration d’une troisième dose, nécessaire pour neutraliser les nouveaux variants. Au Maroc, la décision de prescrire une troisième injection n’est pas exclue.

Le 19/07/2021 à 14h16

Face à un retour des infections dans le pays, qui sont passées d'une moyenne de 400 par jour en juin à 2000 en juillet, le Maroc envisage-t-il de faire injecter à sa population une troisième dose de vaccin? Dans le pays, depuis le début de la vaccination contre le nouveau coronavirus en janvier 2021, 11 213 841 personnes ont bénéficié de la première dose du vaccin, et à ce jour, 9 619 727 personnes sont considérées comme complètement vaccinées. 

Dans une déclaration pour Le360, le virologue et directeur du laboratoire de virologie de l'Université Hassan II Moulay Mustapha Ennaji explique que toute initiative qui peut apporter un plus pour la sauvegarde de la santé est basée sur un ensemble d’études cliniques et scientifiques réalisées. «Le vaccin anti-Covid a une protection de 6 à 8 mois selon ces mêmes études, et si les résultats prouvent qu’il n’y pas de danger pour le patient, nous procèderons à la prescription d’une troisième dose», explique-t-il.

Amine Berrahou, professeur en épidémiologie et membre du Comité National Technique et Scientifique, ajoute qu’il est possible de soulever cette hypothèse, et que «pour améliorer l'état immunitaire des personnes vulnérables comme les diabétiques par exemple, il serait souhaitable de prescrire une troisième dose, qui doit obligatoirement être basée sur des études cliniques et scientifiques».

D’autre part, le Pr Ennaji estime qu’il faut se préparer à l’évidence d’une vaccination annuelle de rappel, comme celle de la grippe saisonnière puisque «la durée de protection du vaccin n’est toujours pas visible sur le temps».

Des propos en accord avec ceux du Pr Berrahou, qui explique «nous ne serons pas étonnés d'en faire un chaque année ou tous les deux ans, mais ceci dépend toujours de l'évolution du virus et de ces nouveaux variants, mais également des résultats des études cliniques et scientifiques».

Rappelons que dans un entretien accordé BFMTV, Olivier Nataf, président d’AstraZeneca France, a annoncé que son laboratoire prévoyait de demander une autorisation pour une troisième dose de vaccin modifié pour contrer efficacement les nouveaux variants du virus.

Une initiative à l'image de ses concurrents Pfizer et BioNTech, qui ont également présenté le 9 juillet leur souhait de doter l'Europe et les Etats-Unis d'une troisième dose du vaccin anti-Covid.

Or, face à une insuffisance des données et au risque de généraliser cette mesure dans le monde, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) reste très sceptique quant à l’administration d’une troisième dose du vaccin anti-Covid.

Au cours d'une conférence de presse organisée le 12 juillet dernier, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a considéré que la troisième vaccination «n’est pas une priorité, vu que la vaccination offre une immunité durable contre le Covid-19 grave et mortel», et que «la priorité est de vacciner ceux qui n’ont reçu aucune dose et protection avant de procéder à l’administration de doses de rappel».

Par Yousra Adli
Le 19/07/2021 à 14h16