L’Association des droits de l’Homme de Chefchaouen vient de lever le voile sur un drame social impliquant plus de 50.000 citoyens recherchés dans la région, ainsi que leurs familles. «De peur de se faire arrêter et en vertu des mandats d’arrêt publiés à leur égard, nombre d’entre eux ont renoncé à porter plainte, alors même que leurs femmes et enfants sont victimes de viols», rapporte Assabah dans son numéro de ce lundi 16 mai. Plusieurs ont ainsi décidé de déscolariser leurs enfants et d’interdire à leurs épouses tout déplacement.
Mohamed Kchour, président de l’association, affirme que la région compte plus de 500 arrondissements électoraux, représentant des centaines de douars. Chacun d’entre eux compte au moins 40 personnes recherchées. Et de révéler, dans un entretien téléphonique, que son association prépare le plus grand rassemblement, jamais connu, de personnes recherchées en vue de signer une pétition pour une réconciliation définitive avec l’Etat.«Cette pétition sera adressée à plusieurs institutions, dont le Cabinet Royal. Elle a pour objectif d’obtenir la grâce des personnes recherchées, mais également de trouver des solutions radicales pour aider les familles, premières victimes», rapporte le journal.
Ainsi, l’association a lancé deux appels. Le premier, à destination de Rabat, souligne la situation dramatique dans laquelle vivent ces familles. Le deuxième s’adresse aux populations cibles et vise à les sortir de leur silence. «L’objectif de cette démarche est d’ouvrir un débat responsable avec les citoyens et les autorités. Même les parties qui appellent à la légalisation de la culture du kif, alors même qu’elles n’ont jamais mis les pieds dans la région et n’ont aucune idée des conditions de vie, sont les bienvenues», rapporte le quotidien.
Pour le représentant de l’association, la plupart des personnes recherchées sont sous le coup de représailles politiques. La culture du kif est le moyen de subsistance de nombreuses familles dans la région. «Il est fréquent d’arracher les voix des citoyens en ayant recours aux menaces et aux pressions», ajoute le journal. Et «il est d’usage de dénoncer un habitant qui refuse de voter pour un candidat», souligne encore Mohamed Kchour.