Sous un ciel d’été brûlant, les clochettes tintent et les sabots frappent la terre avec force. Les premiers cavaliers de la Tbourida entrent en piste, fusils levés, prêts à offrir au public cette déflagration collective qui fait frissonner.
Nous sommes au Moussem Moulay Abdellah Amghar, à quelques kilomètres d’El Jadida, là où, tous les mois d’août, la tradition rencontre la ferveur populaire.
Les chiffres donnent le vertige. «Chaque année, nous accueillons environ 800.000 visiteurs par jour. Cette fois-ci, nous visons entre 5 et 6 millions», confie Moulay El Mehdi El Fatimi, président du comité d’organisation et de la commune.
Autour de nous, s’étend un océan de tentes — 42.000 exactement — déployé sur huit kilomètres de long et deux kilomètres de large. Une véritable ville éphémère où, le temps du Moussem, près de 400.000 personnes prennent leurs quartiers.
Ouverte le 8 août, l’édition 2025 s’est lancée au pas cadencé de 2.200 chevaux, une entrée en scène que les organisateurs ont tenu à rendre mémorable.
Exit les carrioles qui engorgeaient la circulation, place à de nouveaux points d’eau et d’électricité, à un éclairage renforcé par des projecteurs flambant neufs, et à des équipes de nettoyage plus présentes que jamais.
Incontournable du moussem, la Tbourida aligne cette année 130 sorbas, chacune prête à faire retentir le fameux «hadra» final. Mais le Moussem, ce n’est pas seulement les chevaux: c’est aussi une scène musicale réinstallée pour offrir une meilleure visibilité, et un programme artistique qui promet des soirées festives jusqu’au bout de la nuit, avec Abdelaziz Stati, Saïd Ould El Houat, Adil El Medkouri, Saïd Senhaji ou encore Saïda Charaf.
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Les effluves de thé à la menthe, de brochettes grillées et de beignets sucrés se mêlent aux éclats de voix et au brouhaha du Moussem. Pour veiller sur ce festin à ciel ouvert, six commissions sanitaires arpentent inlassablement les allées, inspectant chaque échoppe afin de garantir la qualité et la salubrité des produits proposés aux visiteurs.
Fort d’un budget d’un million de dirhams — hors concerts financés par l’affichage publicitaire —, le Moussem Moulay Abdellah Amghar préserve son âme: celle d’un rendez-vous ancestral où se transmettent gestes, récits et passions. On y vient pour admirer, mais aussi pour se fondre dans la fête, partager un salut, un sourire ou un souvenir.
Jusqu’au 16 août, la plaine résonnera des salves de poudre, des clameurs portées par le vent et du martèlement des sabots, dans un tourbillon où se mêlent tradition, ferveur et émotion.
موسم مولاي عبد الله أمغار. عبد الرحيم الطاهيري



