Des importateurs détournent du blé subventionné pour le fournir à des industriels qui produisent des aliments pour le bétail. C’est le nouveau scandale qui secoue le secteur des céréales, après les informations reçues par les services en charge du contrôle des produits subventionnés.
Dans son édition du vendredi 3 novembre, Assabah rapporte que des importateurs de blé ont profité du contexte actuel pour le détourner. En effet, les pouvoirs publics avaient levé les droits de douane sur l’importation de cette céréale et octroyé des subventions pour 25 millions de quintaux, afin d’assurer l’approvisionnement normal des marchés. Or, certains des importateurs ont senti le bon filon. Ils ont décidé de profiter des subventions pour proposer aux industriels en question du blé à des prix compétitifs.
Informés de cette situation, les services concernés ont décidé de sévir. Une première réunion a d’ailleurs eu lieu entre l’Administration des douanes et des impôts indirects (ADII) et l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) afin de se concerter sur la problématique et coordonner les actions pour renforcer le contrôle des quantités de blé importées dans le cadre du régime des subventions. Dans le même sens, il est attendu que des missions de contrôle soient dépêchées afin d’inspecter les documents des entreprises soupçonnées de détourner le blé importé et qui, normalement, doit être destiné aux moulins à un prix de référence de 270 dirhams par quintal. La différence entre ce prix et le coût réel d’achat est pour rappel supporté par l’Etat.
En attendant les résultats de ces contrôles, Assabah rappelle que les montants réservés par les pouvoirs aux subventions des importations de blé ont connu une forte hausse ces dernières années. Dans un contexte international compliqué, marqué entre autres par la décision de l’Inde de suspendre ses exportations, les cours du blé sur les marchés mondiaux ont atteint des niveaux très élevés, frôlant par moment les 500 dollars par tonne.
L’Etat a dû à chaque fois mettre la main à la poche pour garantir le respect du tarif de référence de 270 dirhams le quintal. Mais certains de ceux qui bénéficient de ce soutien ont réussi à frauder en maquillant leurs factures, et surtout en profitant d’un dysfonctionnement dans les circuits de distribution. En effet, une grande quantité du blé importé ne transite pas par les installations dédiées au stockage, et qui sont contrôlées par l’ONICL. Ce blé est parfois acheminé directement vers le client, ce qui constitue une brèche dont profitent les fraudeurs.