Dans son numéro de ce jeudi 12 mars, le quotidien Al Massae nous apprend que le ministre de la Santé, El Houcine El Ouardi a dévoilé des statistiques, que le journal qualifie de "choquantes" sur l’avortement clandestin au Maroc, faisant savoir que de nombreuses femmes et jeunes filles recourent à des pratiques "primitives" en utilisant un matériel non stérilisé et des plantes toxiques. Selon le ministre, ces moyens sont utilisés pour échapper à toute poursuite judiciaire prévue par le code pénal qui énonce des peines à l’encontre des personnes qui recourent à l’avortement, de l’intermédiaire et du bénéficiaire, ajoute la publication.
El Ouardi, qui s’exprimait mercredi à Rabat à l’ouverture d’une rencontre nationale sur la thématique : "L’avortement : le cadre juridique et les exigences de la protection de la santé", a relevé que l’avortement clandestin peut causer des complications dangereuses. "Nous sommes tous interpellés sur cette question liée à la grossesse non souhaitée ou non programmée , survenue lors d’un viol ou de rapports incestueux, ce qui pousse les femmes à recourir à des pratiques pouvant entraîner des complications dangereuses, voire mortelles", a averti le ministre, cité par le journal.
De son côté, la présidente de l’association Solidarité Féminine au Maroc, Aicha Ech-Channa , a livré des témoignages poignants sur l’avortement clandestin et le viol, relatant l’histoire d’une fille victime de viol collectif commis par trois personnes et qui a refusé de procéder à un avortement. Un autre cas soulevé par Ech-Channa évoque la mésaventure d’une femme, également victime d’un viol commis par l’un de ses proches. De l’avis de Ech-Chenna, "on doit laisser à la femme le plein droit de décider si elle veut subir un avortement ou non".
Sur ce point, le journal revient sur les déclarations du ministre pour qui l’avortement clandestin a des conséquences sociales « désastreuses », tels que le suicide, les crimes d’honneur, l’expulsion de la fille du foyer ou l’abandon du nouveau-né à l’hôpital ou ailleurs.
Qualifiant de « dépassé » le code pénal , en ce sens qu’il ne répond pas aux exigences de la protection de la santé de la femme et ne lui permet pas de jouir de tous ses droits en matière de reproduction, le ministre souligne que le département de la Justice travaille en collaboration avec son ministère, les Oulémas et d’autres intervenants sur le volet juridique de la question de l’avortement.
Il a aussi annoncé que son département est en passe d’élaborer un plan d’action , basé sur une vision globale pour améliorer les moyens de contraception , à travers des programmes d’éducation sexuelle et reproductive et la facilitation de l’accès à l’information de santé pour toutes les composantes de la société.
Ce plan d’action, poursuit la publication, permettra également aux femmes victimes de l’avortement clandestin un accès aux prestations de santé reproductive sans qu’il n’y ait de poursuite judiciaire, tout en assumant les conséquences découlant de l’avortement clandestin.