Alcool de contrebande: la Douane réclame 20 millions de dirhams à Yassine Zahraoui

Une partie de l'alcool frelaté saisi, lundi 31 août, à l'Hôtel de la Côte à Casablanca.

Une partie de l'alcool frelaté saisi, lundi 31 août, à l'Hôtel de la Côte à Casablanca. . khalil Essalak

L’Administration des douanes et des impôts directs réclame 20 millions de dirhams à Yassine Zahraoui, propriétaire de l’Hôtel de la Côte où d’importantes quantités de bouteilles d’alcool frelaté et de contrebande ont été saisies lundi 31 août par la police. L'intéressé est en cavale.

Le 07/09/2020 à 15h24

Nouveau rebondissement dans l’affaire des boissons alcoolisées de contrebande. Cette fois-ci, c’est la Douane qui monte au créneau. Le360 apprend en effet, de sources informées, que l’Administration des douanes et des impôts indirects (ADII), réclame 20 millions de dirhams à Yassine Zahraoui, propriétaire de l’Hôtel de la Côte à Casablanca, où d’importantes quantités de bouteilles d’alcool frelaté et de contrebande ont été saisies lundi 31 août par la police.

La perquisition de cet établissement hôtelier, réalisée dans le cadre de l’opération «Mains propres» menée par la Direction générale de la sureté nationale (DGSN) pour contrôler le respect des dispositions de l’état d’urgence sanitaire, ainsi que le respect des réglementations encadrant le travail des établissements hôteliers, a permis d'y trouver 108 vignettes fiscales, 22 fausses capsules fiscales, 74 bouteilles vides destinées à être remplies d’alcool frelaté, 11 bouteilles d’alcool de contrebande, ainsi que 9 autres bouteilles.

Ces quantités d’alcool étaient écoulées dans une boîte de nuit improvisée, et donc illégale en cette période d'état d'urgence sanitaire. Lors cette opération, qui a débouché sur l’arrestation du gérant des lieux, la police a arrêté quatre ressortissants algériens qui vivaient dans cet établissement hôtelier, en toute illégalité, depuis 2019. Le propriétaire des lieux, Yassine Zahraoui, est lui, toujours en cavale et activement recherché par les services de police.

Trois jours après cette importante saisie, la DGSN lançait une opération coup de poing, baptisée «Bacchus» (le dieu du vin et des -bacchanales, dans la mythologie romaine), menée simultanément dans plusieurs villes, et qui a concerné des dépôts et débits de boissons à Casablanca, Had Soualem, Khouribga, Beni-Mellal, Fqih Ben Saleh et Oued Zem. L’opération a permis de saisir de grandes quantités d’alcools frelatés ou contrefaits, mais aussi des vignettes fiscales et du matériel servant à «légaliser» les boissons illicites.

Tous les débits de boissons et les points de vente, objets de l’opération Bacchus, appartiennent à Saïd Ould Lekhribgui, que les initiés surnomment également «Rab chrab» (le dieu de l’alcool). Ce dernier irriguait aussi bien les petits grossistes à travers le territoire national que certains établissements hôteliers et restaurants haut-de-gamme.

Selon nos informations, l’Hôtel de la Côte, ainsi que d’autres établissements ayant pignon sur rue dans la métropole casablancaise, se sont fournis en alcool illégal auprès du réseau de Saïd Ould Lekhribgui. 

En effet, d’autres établissements de Aïn Diab se fournissaient également chez Saïd Ould Lekhribgui. Selon nos sources, les prochains jours apporteront des révélations qui surprendront une clientèle aisée, qui pensait que les prix élevés, pratiqués dans certaines adresses huppées, les mettaient au-dessus de tout soupçon en matière de respect des dispositions de la loi en ce concerne le commerce des boissons alcoolisées.

Au total, les perquisitions opérées par les services de la sureté nationale, de manière concomitante, dans une dizaine de dépôts et débits de boissons à Casablanca, Béni Mellal, Khouribga et Oued Zem ont permis la saisie de près d’un million de bouteilles d’alcool importé et de 203.016 vignettes fiscales en plus d’une somme d’argent avoisinant 10 millions de dirhams. Le manque à gagner pour les recettes fiscales de l’Etat est énorme.

Aujourd’hui, la Douane réclame son dû. Une enquête préliminaire a été diligentée sous la supervision des parquets compétents et en coordination avec l’ADII et l'Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), quant à la légalité de la possession de ces boissons alcoolisées et leur innocuité. 

Par Amine El Kadiri
Le 07/09/2020 à 15h24