Affaire du viol et M'dina Bus: de qui se moque le maire de Casablanca?

Abdelaziz El Omari, maire PJD de Casablanca.

Abdelaziz El Omari, maire PJD de Casablanca. . DR

Réagissant à l'affaire du viol dans un bus, le maire de Casablanca a concentré ses tirs sur M'dina bus qui ne respecte pas ses engagements en matière de sécurité. Mais à aucun moment, il n'évoque le cas des trois autres sociétés qui opèrent illégalement, au vu et au su du Conseil de la ville.

Le 24/08/2017 à 13h08

Mais pour qui nous prend le Conseil de la ville de Casablanca? Devant le scandale qu’a suscité l’affaire du viol d’une jeune fille dans un bus de la métropole, le maire de Casablanca s’est sans nul doute senti obligé de réagir. Lui qui, depuis son élection en 2015, s’est contenté de quelques conférences de presse laissant le (vrai) devoir de communication à ses vice-présidents à chaque fois qu’une polémique ou un dossier chaud l’impose.

Aujourd’hui, il a d’abord réagi via le site officiel de son parti, le PJD. Il a souligné que le contrat d’exploitation de M’dina Bus touchera à sa fin en 2019 et qu’à ce moment-là, la ville recrutera un opérateur à même d’offrir aux Casablancais un service de transport urbain par bus digne de ce nom.

Après l’affaire du viol, le maire a concentré sa première sortie sur les lacunes de M'dina Bus, surfant ainsi sur la polémique à laquelle fait face l’entreprise depuis que le scandale a éclaté.

Quelques heures plus tard, le Conseil de la ville a diffusé un communiqué, signé par le maire Abdelaziz El Omari, dans lequel il demande à M'dina Bus de respecter ses engagements contractuels, à commencer par la sécurité des usagers.

Bien entendu, là encore, le communiqué rappelle qu’un nouveau contrat d’exploitation des bus sera conclu en 2019, insinuant qu’à cette date, il en sera fini de M'dina Bus.

Ces deux communications sont, sans doute, une manière de se dédouaner de ce qui est arrivé. Bon nombre de personnes n’ont pas hésité à pointer du doigt la responsabilité de la mairie dans l’affaire du viol, étant donné qu’elle est l’autorité délégataire du service de transport par bus.

Mais ce que semble omettre le maire, c'est que le transport par bus à Casablanca n’est pas seulement l’affaire de M'dina Bus. Ce qui est arrivé à la jeune fille pouvait très bien advenir dans les véhicules des trois autres opérateurs actuellement en activité. Et ce, dans l'illégalité.

A Casablanca, comme l’avait d’ailleurs soulevé un récent rapport de la Cour des comptes, les sociétés Luxe Transport, Rafahiya bus et Chennaoui bus continuent d’exploiter librement une douzaine de lignes alors que leurs contrats ont pris fin en novembre 2009.

Depuis cette date, seule M'dina Bus est autorisée à transporter par bus les usagers au sein de la métropole. Mais le Conseil de la ville, que ce soit dans son ancienne composition présidée par Mohamed Sajid ou dans l’actuelle, préfère fermer les yeux, en laissant ces trois sociétés opérer en toute illégalité, sans contrat ni cahiers des charges. Ne sont-elles pas censées elles aussi assurer la sécurité des usagers? Le maire ne devait-il pas également les citer dans son appel à garantir la sécurité des personnes qu’elles transportent? Mais peut-être eusse été rouvrir un dossier que le Conseil de la ville préfère garder fermé.

Affaire à suivre.

Par Younès Tantaoui
Le 24/08/2017 à 13h08