Au Maroc, Maâti Monjib est poursuivi dans le cadre du droit commun financier pour détournement de fonds et pour avoir donné le statut de Sarl (Société à responsabilité limitée) à une association, pour échapper au contrôle des financements étrangers par l’Etat. Mais en France et ailleurs, c’est une posture d'historien, de chercheur et de sauveur qu’il entend mettre en avant. En fait, Maâti Monjib devient peu à peu un passeur de clandestins en France.
C’est ainsi que Le360 a appris de source sûre que sur instigation de Maâti Monjib, Abdellatif Hmamouchi, membre du bureau central de l'AMDH, a accompagné Afaf Bernani, le 24 juin dernier, en Tunisie. Afaf Bernani n’est autre que la désormais célèbre standardiste du quotidien Akhbar Al Yaoum, qui faisait partie des plaignantes dans le cadre de l’affaire de viols, harcèlement sexuel et traite d’êtres humains dont est accusé Taoufik Bouachrine, le patron de cette parution. Afaf Bernani était témoin dans cet affaire, mais cela, c’était avant de retirer sa plainte, d’accuser la police d’avoir falsifié son PV et d’être à son tour poursuivie et condamnée à 6 mois de prison ferme.
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Objectif de la manœuvre de Maâti Monjib: confier Afaf Bernani, désormais libre, au bureau régional de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), qui devait la prendre en charge en vue de la faire émigrer en France, pays où elle a l’intention de s'installer définitivement. Et c’est Maâti Monjib lui-même qui a pris en charge les frais du voyage et du séjour d'Afaf Bernani en Tunisie. Elle se trouve, depuis, hors du Maroc.
La crainte de Maâti Monjib, aujourd’hui, est que les responsables de RSF en France ne découvrent le pot-aux-roses, et se rendent compte de la véritable profession de Afaf Bernani. Présentée par l’historien comme étant une journaliste, elle n’est, en réalité, et il est important de le rappeler, que l’ancienne standardiste du siège du quotidien Akhbar al Yaoum. N’ayant donc pas qualité de journaliste, elle échappe par conséquent aux prérogatives de RSF et risque fort d'être refoulée du sol français et d’être renvoyée au Maroc.
Maâti Monjib avait d’ailleurs déjà usé du même modus operandi dans les cas des «activistes» Samad Ayach (Ait Aicha) et Hicham Mansouri, qu’il avait également présentés comme journalistes.
Tout comme Maâti Monjib n’en est pas à son premier méfait.
Tout a commencé en 1990, quand il avait créé le Centre Ibn Rochd, une Sarl présentée comme une ONG. Si l’objectif affiché de cette structure était de défendre la liberté d’expression, sa forme juridique laisse pour le moins pantois. Et pour cause: le but de la création de cette ONG était de se soustraire à tout contrôle de l’Etat, via le Secrétariat général du gouvernement, qui a pour obligation de vérifier le sort réservé aux financements étrangers qui atterrissent dans l’escarcelle des ONG nationales.
La SARL Ibn Rochd avait comme seuls actionnaires l’historien et sa sœur. Les comptes bancaires de ce centre, eux, étaient répartis entre quatre personnes, toutes membres de la famille Monjib. L’entourloupe a fonctionné jusqu'en 2014, date à laquelle la Cour des comptes avait commencé à regarder d’un peu plus près les subventions accordées aux ONG nationales.
Alerté, le fondateur du Centre Ibn Rochd avait alors dissous sa Sarl. Les fonds, quant à eux, avaient été transférés sur les comptes de l’épouse et de la sœur de Maâti Monjib. Un joli pactole, qui se chiffre à plusieurs millions de dirhams.
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Maâti Monjib aura eu beau s’en cacher, il est accusé d’avoir détourné des sommes dépassant 3 millions de dirhams du compte de la Sarl qui recevait de conséquentes subventions de l’étranger vers ses comptes personnels et ceux de ses proches.
Alors que le procès le concernant relève du strict droit commun (détournement de fonds, évasion fiscale, etc.) et qu’aucun délit d’opinion ne figure dans le dossier, Maâti Monjib a toujours tenu à politiser cette affaire, et se fait désormais passer pour la victime d’un acharnement judiciaire et d’une oppression.