Affaire Bennis-Alj-Slaoui: Laprophan rejette tout lien direct avec le principal suspect, Kamil Bennis

Siège de la BNPJ à Casablanca.

Le siège de la BNPJ à Casablanca. MAP

On en sait un peu plus sur l’affaire des trois fils de milliardaires placés en garde à vue dans les locaux de la BNPJ à Casablanca, pour des faits de viol et de coups de blessures portés à l’encontre d’une ressortissante française et son compagnon, un haut cadre de la CGEM.

Le 22/11/2024 à 19h18

Le360 qui a révélé cette affaire a tenu jusqu’ici à ne pas rendre publics les patronymes des trois suspects. Car d’une part, la présomption d’innocence et la crainte de diffamer incitent à redoubler de prudence. D’autre part, il est essentiel de rappeler que les familles ou les parents ne sauraient être tenus responsables des comportements déviants de leurs enfants. Mais cette affaire a pris une telle ampleur que les familles des suspects ont rompu le silence. Il devient dès lors caduque de préserver l’anonymat des suspects du moment que leurs familles les nomment.

M’hammed Alj, fils du patron de la CGEM, Chakib Alj, au même titre que Saad Slaoui, «ne sont pas accusés de viol», apprend-on d’une source proche du dossier. Ils sont visés par une plainte pour coups et blessures, précise-t-on.

Cette plainte émane de Mohamed Amine Naguib, responsable des commissions au sein de la CGEM, qui n’est autre que le compagnon de la jeune avocate française, la supposée victime qui accuse Kamil Bennis de l’avoir violé lors d’une soirée organisée dans le domicile de ce dernier, le samedi 2 novembre à Casablanca. Sur son compte Instagram, Kamil Bennis avait posté le jour même un court extrait de cette fête qui a réuni une centaine de convives.

Contrairement à ce qui a été rapporté par certains médias, Kamil est le neveu (et non pas le fils) de Farid Bennis, actuel PDG des laboratoires Laprophan. Il est à ce sujet le fils de feu Ali Bennis, l’un des trois héritiers de feu Abderrahim Bennis, qui a fondé l’entreprise en 1949.

«Farid a mis en place un montage pour préserver Laprophan des agissements de Kamil, en créant une holding patrimoniale qui gère les intérêts des héritiers», nous confie un proche de la famille Bennis.

C’est Farid, qui a racheté entre-temps les parts de son frère Hassan, qui détient la majorité du capital de la holding. Kamil et son frère, Slimane, y détiennent une participation minoritaire. C’est donc Farid qui représente la holding dans le conseil d’administration de Laprophan dont il est le président.

Moralité, conclut notre source, «Kamil n’est pas un actionnaire direct de Laprophan. Il n’est pas impliqué ni dans la gestion ni dans la gouvernance de Laprophan». Ce qui ne l’empêche pas de percevoir les dividendes distribués par un des laboratoires pionniers du secteur pharmaceutique, qui emploie plus de 1.200 personnes. En 2022, Laprophan a affiché un résultat net de 92 millions de dirhams alors que son chiffre d’affaires s’élève à plus de 1,16 milliard de dirhams.

Rappelons que nombre d’invités et de domestiques présents lors de la soirée du 2 novembre ont été convoqués pour témoigner dans le cadre de l’enquête confiée à la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ). Comme nous le rapportions dans un précédent article, Kamil Bennis (qui se trouve être le cousin de Mohamed Amine Naguib) a reconnu avoir eu un rapport sexuel «consenti» avec la jeune femme française, mais récuse toute allégation de viol. Les deux autres suspects, M’hammed Alj et Saad Slaoui ont confirmé la version de Kamil Bennis, mais nient avoir eu une quelconque relation sexuelle avec la jeune avocate.

Après l’expiration des 72 heures de garde à vue, les suspects seront déférés devant la justice. Et compte tenu de la gravité des accusations, le procureur du Roi va sans doute transférer leur dossier au juge d’instruction.

Par Wadie El Mouden
Le 22/11/2024 à 19h18