Après des mois d’enquêtes préliminaires, le juge de Beni Mellal, accusé de corruption et interpellé en flagrant délit, a comparu le 9 janvier dernier près la Cour d’appel de Rabat. La juge d’instruction l’a renvoyé devant la chambre criminelle chargée des crimes financiers sur la base de l’article 241 du Code pénal, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du 13 janvier.
Cet article dispose que “tout magistrat, tout fonctionnaire public qui détourne, dissipe, retient indûment ou soustrait des deniers publics ou privés, des effets en tenant lieu ou des pièces, titres, actes, effets mobiliers qui étaient entre ses mains, soit en vertu, soit à raison de ses fonctions, est puni de la réclusion de cinq ans à vingt ans et d’une amende de 5.000 à 100.000 dirhams”.
Comme le rapporte le journal, la juge d’instruction estime avoir suffisamment de preuves contre le juge de Beni Mellal et son intermédiaire originaire de Fquih Bensaleh. Ainsi, les deux individus sont poursuivis en état d’arrestation et devront comparaître prochainement devant la chambre criminelle chargée des crimes financiers.
Jusque-là tenus secrets, les éléments de l’affaire concernent un meurtre qui remonte à juillet 2021. Dans le cadre de ce crime, les trois suspects ont été condamnés à cinq ans de réclusion. Avant le verdict, l’intermédiaire est entré en jeu, approchant les familles des mis en cause pour leur promettre d’intervenir pour réduire des peines de prison.
Dès lors, les familles ont accepté de rencontrer le juge chargé de l’affaire au domicile de l’intermédiaire. Le juge de Beni Mellal a exigé 120.000 dirhams, en donnant rendez-vous aux représentants des accusés la veille de l’audience.
Ne disposant que de 90.000 dirhams, l’intermédiaire a refusé de recevoir la somme réunie par les familles, en leur rappelant que l’accord convenu prévoyait une somme de 120.000 dirhams. D’après le quotidien, le juge a même menacé dans un premier temps d’alourdir la peine à 10 ans de réclusion, avant de décider de reporter l’audience à la semaine d’après, pour permettre aux familles de réunir la somme convenue.
Après avoir coordonné avec la Brigade nationale de police judiciaire, la mère d'un des accusés dans le cadre de cette affaire a convenu d’un rendez-vous avec l’intermédiaire et le juge qui ont été interpellés en flagrant délit.