Le chiffre a été annoncé il y a plusieurs semaines. Début mars, le ministre de l’Équipement Nizar baraka affirmait, en effet, devant le parlement que certaines villes vont souffrir de quelques perturbations d’approvisionnement en eau potable durant l’été.
Des données plus précises, avancées par l’ONEE, parlent de 54 villes dont Oujda et Marrakech ainsi qu’une vingtaine de petites agglomérations qui vont faire face à un manque d’approvisionnement au vu de la grande baisse de l'eau de surface.
La situation est donc connue d’avance et les dispositions nécessaires ont certainement été prises pour y remédier. Sauf que voilà que l’opposition remet le sujet au goût du jour. Ainsi, selon le quotidien Assabah qui rapporte l’information dans son édition du jeudi 5 mai, le groupe parlementaire du PPS à la première Chambre vient de saisir le ministre de tutelle, via une question écrite, sur les prévisions d’approvisionnement en eau potable. Le groupe parlementaire met en avant le déficit hydrique que connaît le pays cette année et le risque de mouvement de contestations sociales à travers le Royaume au cas où l’alimentation en eau potable des agglomérations urbaines et rurales serait amenée à connaître des perturbations.
Pour le chef du groupe parlementaire du PPS, cité par le quotidien, le ministre devrait rendre publique la liste des villes et centres ruraux qui pourraient souffrir des coupures d’eau pendant l’été prochain. Le ministère de l’Equipement, estime le député, dispose de suffisamment de moyens humains et techniques pour non seulement prévoir des problèmes d’approvisionnement en eau potable, mais surtout pour les anticiper et donc de les prévenir. Le parlementaire voudrait ainsi connaître les dispositions que le ministère envisage d’entreprendre en ce sens.
Seulement, le département de Nizar Baraka a déjà entrepris de mettre en place un programme d’urgence pour faire face à cette situation. Le quotidien a omis de le préciser, mais le ministère a annoncé un programme d'urgence de près de 3 milliards de dirhams destiné à compenser le déficit hydrique accusé par certains bassins hydrographiques. Il s’agit particulièrement du bassin de Moulouya où il est question d’exploiter l'ensemble des ressources en eau mobilisables, notamment par l'exploration de nouvelles nappes phréatiques ou le lancement d'un programme de dessalement de l'eau à Nador. Pour ce qui est du bassin du Tensift, également concerné, il sera procédé à la mobilisation de 20 millions de m3 pour assurer l'approvisionnement en eau de la ville de Marrakech.
Cela dit, poursuit Assabah, le déficit hydrique n’est pas une situation passagère liée aux conditions météorologiques de cette année. C’est un phénomène qui s’installe définitivement dans le temps. Le CESE a déjà lancé une alerte sur la situation hydrique du Royaume, précise le quotidien. Au Maroc, relève le CESE, la situation est alarmante puisque ses ressources en eau sont actuellement évaluées à moins de 650 m3/habitant/an, contre 2500 m3 en 1960. Elles devraient même baisser en deçà de 500 m3 à l’horizon de 2030. Certaines études indiquent que les changements climatiques pourraient provoquer la disparition de 80% des ressources d’eau disponibles dans notre pays dans les 25 prochaines années.