La forte expansion du marché des voitures d’occasion au Maroc s’accompagne d’un phénomène préoccupant: la recrudescence des fraudes, notamment la falsification des compteurs kilométriques et la dissimulation de l’état réel des véhicules. Pour y faire face, le groupe parlementaire du Parti du Progrès et du Socialisme a déposé une proposition de loi visant à mieux encadrer ce secteur, indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 6 juin.
Ce texte entend modifier plusieurs articles du Code de la route (66, 67 et 88) afin de lutter contre les pratiques frauduleuses qui échappent aujourd’hui aux contrôles classiques. Parmi elles: la manipulation des compteurs, l’occultation d’accidents passés, la présentation de fausses informations sur la valeur ou l’état mécanique des véhicules. Des pratiques devenues monnaie courante, alors même que les voitures d’occasion connaissent un engouement sans précédent.
Actuellement, les véhicules d’occasion ne sont soumis qu’à un contrôle technique axé sur la sécurité mécanique, légale et technique. Mais ce contrôle ne couvre pas certains points sensibles, notamment les données kilométriques ou l’historique des accidents, laissant ainsi libre cours aux manipulations. La proposition parlementaire souligne également le manque de coordination entre compagnies d’assurance et centres de contrôle technique, ce qui empêche l’accès à des données cruciales sur les réparations ou sinistres passés, lit-on.
«Ces failles permettent à des véhicules gravement endommagés, usés ou accidentés d’être revendus en masquant leur véritable état, exposant les acheteurs à des risques importants, notamment en matière de sécurité routière», écrit Al Ahdath Al Maghribia.
Pour renforcer la transparence et protéger les consommateurs, le texte propose la création d’un système national de traçabilité des véhicules. Objectif: numériser toutes les opérations liées aux voitures d’occasion (contrôles techniques, sinistres, réparations…) et les intégrer dans une base de données centralisée. Des sanctions seraient prévues en cas de falsification ou de dissimulation d’informations techniques.
Une récente étude menée sur des plateformes spécialisées dans la vente de véhicules révèle que 35% des acheteurs de voitures d’occasion affirment avoir été victimes d’escroqueries. Face à ce constat alarmant, les experts recommandent de renforcer la réglementation du secteur, d’exiger des rapports techniques fiables de la part des intermédiaires et de mener des campagnes de sensibilisation pour aider les acheteurs à détecter les anomalies avant achat.
La vente directe entre particuliers via des plateformes numériques de confiance est également encouragée, pour réduire l’emprise des intermédiaires peu scrupuleux et garantir des transactions plus équitables.








