Depuis son départ du gouvernement, l’ex-ministre de l’Emploi, Mohamed Yatim, a choisi l’hibernation politique et s’est éloigné de la scène médiatique. Il faut reconnaître que tout au long de sa gestion de ce département, il n’a pas été ménagé par un calendrier social très chargé et a été l’objet de vives critiques et railleries sur sa vie privée sur les réseaux sociaux. Quelques mois après son éviction, il refait surface dans les colonnes de l’hebdomadaire Al Ayyam dans son numéro 880 du 9 janvier. L’homme est égal à lui-même avec son caractère sobre et ses propos mesurés quand il évoque sa révocation du gouvernement, sa relation avec Benkirane, la situation politique et sociale du royaume ainsi que la situation interne de son parti.
De prime abord, Yatim voue un respect et une admiration sans faille pour l’ex-chef du gouvernement et du parti qu’il qualifie de secrétaire général exceptionnel quand il était à la tête du PJD: «Contrairement à ce que l’on a dit et cru, depuis son départ de l’Exécutif, Benkirane n’a jamais essayé de nuire à la bonne marche du gouvernement, ni à celle du parti. Ceux qui ont donné à ses sorties médiatiques un caractère de revanche ne connaissent pas sa personnalité. Il est un homme connu pour sa sincérité, sa spontanéité et sa franchise qui le poussent parfois à commettre des erreurs comme nous tous. Mais il ne faut pas oublier qu’il fut un secrétaire général exceptionnel qui a conduit le parti à bon port quand il était ciblé pendant le printemps arabe. Il a pris, avec la direction du parti, une position courageuse en décidant de ne pas descendre dans la rue au moment où le monde arabe était en ébullition». Et puis, ajoute Yatim, c’est sous sa direction que le PJD a remporté les élections législatives.
Quand il aborde son départ du gouvernement, Yatim n’exprime aucun regret. Bien au contraire, il dresse un bilan positif de sa gestion même s’il reconnaît que les attentes de la population étaient grandes. Il nie toutefois que sa révocation soit liée à un quelconque comportement dans sa vie privée comme cela a été rapporté par les médias. Ceci dit, il reconnaît qu’il a été déçu quand on lui a annoncé son départ du gouvernement. Mais il n’a pas été pour autant surpris car il a toujours confié à ses collaborateurs qu’il était conscient d’occuper un siège éjectable.
D’autant plus, ajoute-t-il: «J’ai toujours à l’esprit l’attitude du docteur Saad-Eddine El Othmani qui, lorsqu’il été démis de sa fonction de ministre des Affaires étrangères, a repris normalement son travail dans son cabinet et a continué à assister aux travaux du secrétariat général du parti». Evoquant le dernier remaniement ministériel, Yatim estime que ce changement ne signifie pas que le gouvernement a failli dans sa gestion de la chose publique. Le roi Mohammed VI a dans son discours du trône, précise l’ex-ministre, appelé à ce remaniement dans le but de restructurer cette équipe, réduire le nombre des ministres et insuffler un sang nouveau avec de jeunes compétences: «L’intervention du roi pour un changement de cap constitue un avantage et une force pour notre pays. Car, grâce à Dieu, ce pays dispose de références intentionnelles, constitutionnelles et civilisationnelles qui le protègent de tout débordement ou instabilité».
Quant à la multiplication des mouvement sociaux, Yatim estime que pendant la mandature du gouvernement précèdent et actuel le Maroc a enregistré une augmentation sensible dans les budgets alloués aux secteurs sociaux. Ceci dit, Yatim estime que les attentes demeurent grandes et qu’il reste beaucoup à faire. Il faut toutefois admettre que les moyens d’expression des citoyens ont changé et ne sont plus encadrés par les moyens traditionnels partisans ou syndicaux faute d’encadrement adéquat. Une carence qui risque de pousser certaines parties populistes et anarchiques à exploiter cette situation pour semer la zizanie dans le pays, conclut l’ex-ministre de l’emploi qui a été nommé responsable de la presse du PJD.






