Depuis sa création dans la ville mauritanienne de Zoueirat, au cours des années 70, la direction du Polisario s’est mise à la disposition des officiers algériens au palais d’El Mouradia et à Ben Aknoun. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 19 juillet, que le Polisario s’est, depuis quelques années, transformé en une sorte de société étatique algérienne à l’image de Sonatrach et Sonelgaz. Sauf que son activité commerciale diffère de ses deux entreprises, car les dirigeants des séparatistes se sont spécialisés dans le détournement d’argent, spolié au peuple algérien et envoyé vers l’étranger sous différents prétextes.
Les services algériens ont, en effet, ouvert des comptes bancaires dans plusieurs pays du monde pour soi-disant collecter les transferts de fonds que les pays et les organisations mondiales accordent aux séquestrés sahraouis. Ce faisant, le Polisario, à travers ce qu’il appelle le Croissant rouge sahraoui et le ministère de la coopération, procède au transfert de sommes considérables de et vers l'Algérie, tout en bénéficiant d’exonérations fiscales. Plus aberrant encore, ces sommes d’argent sont déposées dans des banques européennes et américaines en tant que fonds réservés à l’achat de produits alimentaires et d’équipements médicaux pour les habitants des camps de Tindouf.
Ces fonds transitent, en réalité, par plusieurs banques à travers le monde avant d’être transférés, de manière subtile, sur les comptes des généraux algériens. L’enquête menée par les juges du tribunal de Sidi M’hamed a révélé, récemment, qu’il s’agit de sommes abyssales estimées entre 200 et 300 milliards de dollars. Le quotidien Assabah rapporte d'ailleurs que l’organisation des «mains propres» espagnole a, de son côté, publié un rapport accusant le représentant du Polisario en Catalogne, Abidine Becharia, d’avoir transféré de l’argent vers une société écran domiciliée sur le compte de l’épouse d’un général à Zeralda.
L’argent circule aussi dans l’autre sens, quand le Polisario procède au transfert des devises vers l’un des comptes de sa représentation en Espagne, en prétextant que ces sommes considérables sont allouées à l’achat de matériel et de produits alimentaires. La vérité est que cette manne d’argent est transférée d’un compte bancaire à un autre à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Europe, avant de parvenir à son vrai destinataire, un général de la junte militaire algérienne. Ce blanchiment d’argent se fait, aussi, à travers les soi-disant valises diplomatiques transportées par les dirigeants polisariens. C’est ainsi que la police de l’aéroport d’Annaba avait arrêté le fils de l’ex-chef des séparatistes, Mohamed Abdelaziz, en possession d’une valise contenant 1 million de dollars.
L’enquête a fini par révéler que cet argent appartenait au commandant de la quatrième région militaire de l’époque, le général Ali Saidane. Depuis, l’affaire a été camouflée et le fils de l’ex-président de la république de Tindouf a été libéré. Mais c’est le soi-disant ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, qui demeure le plus grand trafiquant de devises, notamment à destination de l’Amérique latine où il a noué de solides relations avec les réseaux de blanchiment d’argent. C’est ce qui explique, d'ailleurs, sa longévité à ce poste (23 ans) malgré les multiples tentatives de Mohamed Abdelaziz et de son successeur, Brahim Ghali, de le déloger. Et pour cause. Les généraux algériens ont toujours opposé leur veto à cette décision car ils reconnaissent tous à Ould Salek son parfait sens de la «diplomatie» dans le domaine du détournement et du blanchiment d’argent.