Skhirat a abrité samedi dernier le 2e Colloque international sur le thème de «la reconsidération du modèle de développement à la lumière des évolutions que connaît le Maroc». Le clou des débats, surtout au niveau du second panel de ce colloque, a été sans conteste le vif échange qui a opposé le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, et le ministre d’Etat chargé des Droits de l’homme, Mustapha Ramid qui était là pour représenter le chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, occupé ce jour-là par une réunion de son parti, le PJD.
Dans son édition de ce lundi 22 octobre, le quotidien Assabah rapporte que le ministre PJDiste a senti que le gouvernement El Othmani était visé par certains propos d’Abdellatif Jouahri. Ce dernier, de par sa longue expérience, n’a fait que revisiter l’histoire pour conseiller d’éviter tout ce qui peut mener à des dérapages financiers, et ce en vue de ne pas retomber dans les travers de la sinistre époque des Plans d’ajustement structurel. Epoque où le Maroc n'avat plus de devises pour subvenir à ses importations de produits de base. D’où la nécessité, selon le wali de BAM, de veiller strrictement, voire religieusement, aux équilibres macro-économiques du pays.
Estimant que ces propos généraux sont une critique indirecte décochée en direction du gouvernement de Saad-Eddine El Othmani, Mustapha Ramid, selon les propos rapportés par le quotidien Al Massae de ce lundi, a eu cette réponse: «Je ne veux pas répondre à ce que vient de dire Jouahri, mais il faut reconnaitre que notre gouvernement s’est régulièrement réuni ces derniers mois pour fixer ses chantiers prioritaires que sont l’éducation, la santé et la lutte contre les inégalités sociales. Nous travaillons sur ces dossiers et cela transparaît clairement au niveau du PLF 2019 qui va apporter un nouveau souffle social.»
Noureddine Bensouda, trésorier général du royaume et modérateur du panel, a pris un malin plaisir à redonner la parole à Abdellatif Jouahri, l’un des monuments de la finance et de l’économie marocaines, en vue de réagir.
«Lorsque j’ai commencé mon expérience gouvernementale (Jouahri a dirigé plusieurs ministères, dont celui des Finances, Ndlr), vous étiez au début de votre stage dans un cabinet d’avocat», a sèchement répondu le wali de BAM à Mustapha Ramid, comme rapporté par Assabah. Et de préciser que ses propos ne visent pas un gouvernement particulier, mais qu’il s’agit d’une mise en garde pour l’avenir afin que, ajoute Jouahri, «ne se répète jamais dans mon pays ce que nous avons vécu durant les années 80». Surtout, conclut le wali de BAM, que de par son indépendance décisionnelle, son rôle consiste à avertir le gouvernement à chaque fois qu’il lui semble que les lignes rouges sont en train d’être dépassées en matière de taux de déficit budgétaire ou d’inflation…
Avec cette énième passe d’armes, avec des partis ou des institutions étatiques, il semble qu’à ce rythme, le PJD est tout simplement en train de se faire hara-kiri en se mettant tout le monde à dos.