Vidéo. Mohamed Bouden: «l’État de droit est encore en voie de développement en Espagne»

Le360

Le 28/05/2021 à 18h54

VidéoL'Espagne, responsable de plusieurs erreurs dans sa gestion de l’affaire Brahim Ghali et dans sa relation avec le Maroc, doit prouver l'indépendance de sa justice. Un procès du chef du Polisario, objet de plusieurs plaintes chez le voisin du nord, en est le préalable, estime le politologue Mohamed Bouden. Entretien.

"Brahim Ghali doit impérativement répondre des accusations dont il fait l’objet devant la justice d'un pays qui se dit démocratique", a martelé le chercheur, citant les diverses plaintes déposées contre le chef du Polisario en Espagne par des ressortissants essentiellement espagnols.

Brahim Ghali, hospitalisé à l'hôpital de San Pedro, La Rioja, doit être entendu le 1er juin par un juge d'instruction. Le tout sera de savoir si le processus judiciaire contre ce criminel présumé va être mené jusqu’au bout, et si les garanties quant à son déroulement, en toute transparence et indépendance, sont réunies.

Le chef du Polisario, entré en Espagne sous un faux nom, est accusé de "terrorisme". Il est notamment soupçonné de "crimes de guerre", de "détentions arbitraires", de "tortures" ainsi que de "viols".

Selon le olitologue, "les relations entre l'Espagne et le Maroc traversent une phase critique mais l'Espagne a encore une chance de se rattraper et de sauver ses relations stratégiques avec le Maroc en permettant à la justice de dire son nom et un procès équitable contre Ghali".

"Madrid ne doit pas oublier que le séparatisme, qui traverse également l’Espagne, est dangereux", rappelle Mohamed Bouden. Il faut, d'après lui, que le voisin en tienne compte dans ses relations avec le Maroc.

Revenant sur la question de la migration dont l'Espagne fait son cheval de bataille pour attirer la sympathie des pays européens et cacher la vraie origine de la crise avec le Royaume, ce spécialiste des questions africaines et maghrébines est on ne peut plus clair. Le vrai "problème qui a causé la crise entre l'Espagne et le Maroc c'est l'accueil en catimini, et en complicité entre Madrid et Alger, du chef des séparatistes", précise-t-il.

"Les images montrant la garde civile espagnole en train d'agresser les jeunes migrants à Sebta et ce, devant des chars de l'armée espagnole, et la nervosité avec laquelle les autorités du pays voisin ont réagi, illustre à quel point l’Etat de droit et les droits de l'Homme dans ce pays européen sont encore en voie de développement", a-t-il estimé.

Par Chakir Alaoui et Mohammed Boukouyane
Le 28/05/2021 à 18h54