Khalid Chiyat est professeur de relations internationales à l’université d’Oujda. Ayant aussi et toujours vécu à un déploiement d’ailes du voisin de l’Est, c’est un fin connaisseur de ce qui se trame dans le pays gouverné par un régime militaire qui ne veut pas passer la main, pour le bien de l’Algérie et de la région.
«Sur le terrain, l’Algérie est absente. Le régime a opté pour les communiqués pompeux pour distiller ses messages au lieu d’affronter la réalité», commente Khalid Chiyat au sujet de la dernière réunion du Haut conseil de sécurité, qui a accusé le Maroc (et Israël) de chercher à déstabiliser le pays. Et pire: le Maroc et Israël ont été accusés d’avoir commandité les incendies qui ont endeuillé l'Algérie.
«C’est une littérature et des discours destinés à calmer l’opinion publique nationale dans un contexte très difficile, et inédit, pour le régime militaire algérien», explique Khalid Chiyat.
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«Le régime algérien est aujourd’hui appelé à apporter de vraies réponses aux attentes et aux revendications de la rue», poursuit le politologue marocain. Au lieu de cela, selon Khalid Chiyat, les généraux au pouvoir cherchent à faire diversion, et cela dure depuis plus de 40 ans, à détourner l’attention en invoquant la main de l’étranger. Et l’étranger est d’autant plus vendeur quand il s’agit du Maroc.
Revoir les relations bilatérales, sans blague?!«De quelles relations parle le régime algérien quand il évoque l’éventualité d’une révision des rapports avec le Maroc?», s’interroge Khalid Chiyat. Le politologue rappelle que ces relations sont à l’arrêt depuis longtemps. «Diplomatiquement, l’ambassadeur algérien à Rabat a été rappelé à Alger. Les frontières sont verrouillées et les relations économiques ne dépassent pas les accords tripartites comme c’est le cas pour le gazoduc Maghreb-Europe», détaille le politologue.
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«Le régime algérien doit répondre aux vraies questions que pose la rue à travers le Hirak, à savoir la revendication d’un Etat civil et non militaire, des besoins vitaux qui se font de plus en plus pressants…», enchérit Khalid Chiyat. Du côté marocain, il rappelle la constante position exprimée dernièrement par le roi Mohammed VI, à savoir que le Royaume ne pourrait jamais rien entreprendre qui pourrait nuire au voisin de l’Est. Plus encore: une main tendue que le régime militaire refuse de saisir.