Nasser Bourita a aussi donné lecture d'un sévère passage du Comité onusien de l'enfant qui condamne l'Espagne pour ses comportements violents et irrespectueux des droits des mineurs, placés dans les centres de rétention notamment à Sebta et Melilla, les deux villes occupées dans le nord du Maroc.
Sur un ton grave et déterminé, le chef de la diplomatie marocaine, qui s'exprimait à Rabat au terme d'une rencontre avec la ministre libyenne des Affaires étrangères, Najla Mangoush, a en outre déclaré que l'Espagne n'a pas de leçons à donner au Maroc en matière de droits de l'enfance.
Il faisait allusion à la résolution du Parlement européen adoptée jeudi dernier sous l'intitulé «la violation de la convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant et l’instrumentalisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta». «La crise est politique et bilatérale avec l'Espagne, le Maroc est satisfait de sa relation avec l'Union européenne dans tous les domaines», a rappelé le ministre marocain.
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Les efforts du Maroc sont également salués par l'UNICEF en matière de respect des droits de l'enfant. «Le Maroc considère que la résolution est une instrumentalisation, elle est en déphasage avec le registre du Maroc en matière de lutte contre l'immigration clandestine et l'effort du Maroc est reconnu». «Cette résolution s’inscrit dans une instrumentalisation des institutions européennes et du Parlement par rapport à une question qui n'est pas du ressort du Parlement européen».
Et Nasser Bourita de se demander "si le titre de la résolution concerne la convention des Nations unies sur les droits de l'enfant (..) qui a donné au Parlement européen le mandat pour superviser des conventions onusiennes?». «Depuis quand le Parlement européen est le gardien de l'application par les Etats membres d'une convention onusienne?», a martelé le chef de la diplomatie marocaine, soulignant que l'UNICEF qui est «l'acteur principal de cette convention a salué le rôle du Maroc dans la mise en œuvre de cette convention».
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Sur un ton ferme, il ajoute que «si le Parlement européen s'intéresse à cette convention et à ses violations, il omet délibérément de signaler ce que dit le Comité (onusien) des droits de l'enfant sur la pratique de l’Espagne». Et de citer textuellement le passage qui pourrait intéresser le Parlement européen: «le comité est gravement préoccupé par la discrimination que les enfants continuent de subir de facto en raison de leur handicap, de leur origine ou de leur situation socio-économique». Le comité ajoute «qu'il est inquiet par les conditions médiocres d'hébergement dans les centres de rétention surpeuplés qui accueillent des étrangers». Et de continuer, «le Comité se dit aussi préoccupé par le niveau de violence dans les centres d'accueil pour enfants».
Nasser Bourita souligne enfin que «le Maroc ne sera pas détourné de l'essentiel, il s'agit d'une crise bilatérale dont la genèse est connue. Elle est liée à des actions qui ont été hostiles à une cause sacrée pour le Maroc».