"C'est le citoyen lambda, celui des quartiers de Diouar Jamaâ et d'El Akkari de Rabat, de Belvédère de Casablanca et de la médina de Marrakech, qui t'a donné la légitimité et a voté pour toi (...) il ne faut pas oublier ce citoyen", a déclaré l'ancien chef de gouvernement en invitant, sans le citer, Saâd-Eddine Othmani, à ne pas faire plus de concessions qu'il en a faites maintenant après la formation de son gouvernement.
Les propos de Benkirane ont été rapportés ce samedi dans une vidéo diffusée le 13 avril quand ce dernier avait présidé au siège du PJD une réunion avec les députés et les conseillers PJDistes du Parlement. Il a utilisé, dans son allocution, les termes "d'en bas et d'en haut", en allusion au citoyen normal et aux hautes sphères de l'Etat.
La diffusion tardive de cette vidéo par le PJD a un sens: Benkirane veut montrer qu'il tient bien les rênes du parti en osant, malgré sa défaite à former le gouvernement, et indique des lignes rouges à ne pas franchir par El Othmani. "Vous, les élus, vous passez par une épreuve (...) celui qui vous a donné la légitimité se trouve en bas, celui qui est haut n'a pas de relations avec toi. Celui d'en haut n'a pas voté pour toi. Tu es venu grâce au vote du citoyen normal", a-t-il martelé avant de reconnaitre le besoin de "discuter, de dialoguer et de s'entendre avec le haut". "Mais il ne faut pas oublier (dans le cadre de ce dialogue) le bas. Ce sont les citoyens qui ont voté pour toi. Tu vas revenir chez eux (les élections) dans cinq ans", a conclu le chef du PJD, apparement toujours agacé par "les concessions" liées à l'intégration de l'USFP par Saâd-Eddine El Othmani au sein de son gouvernement.
Dans cette vidéo, le premier responsable du PJD a évoqué de "graves épreuves" et le "terrible séisme" qui secoue le parti après avoir échoué à former le gouvernement après les élections du 7 octobre 2016. Abdelillah Benkirane affirme que le moment viendra pour pousser la franchise jusqu'au bout. "Nous devons expliquer aux gens. Mais il ne faut pas baisser les bras, ne pas faire marche arrière, c'est pour l'intérêt de la Nation. Sinon, il faut partir maintenant et laisser tout", a-t-il affirmé au début de son intervention.