Saâd-Eddine El Othmani semble avoir échoué à éviter au gouvernement le spectre d’un nouveau «blocage». Le PJD et le PPS mènent, en effet, une guerre dans les coulisses qui risque de geler l’organe de la majorité. Les secrétaires généraux de la coalition gouvernementale ont reçu, à la fin de la semaine dernière, une lettre d’El Othmani, en sa qualité de patron du PJD, dans laquelle il les informe du report de la réunion qui devait se tenir ce lundi. Certaines sources de la majorité ont révélé que le chef du gouvernement avait échoué, pour la deuxième fois consécutive, à réunir les composantes de la majorité. Une réunion qui devait être consacrée à trouver des solutions à plusieurs dossiers en suspens dont, notamment, le dialogue social et le retard pris dans la réalisation des projets de développement dans plusieurs provinces.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 17 décembre, que la décision de report a été prise au dernier moments. Les chefs des partis de la majorité s’apprêtaient, en effet, à se réunir jeudi dernier, mais ce conclave a été reporté à lundi sur une demande du secrétaire général du PPS, Nabil Benabdellah. Une réunion qui a été repoussée par le chef de gouvernement à une date ultérieure. Ce blocage de l’organe des dirigeants de la majorité intervient au moment où des voix en colère, au PJD, se sont élevées en menaçant de se retirer du gouvernement. Les PJDistes considèrent que, dans les conditions actuelles, leur parti ne gagne rien politiquement de sa position dans le gouvernement. Bien au contraire, ils estiment que le PJD paie un lourd tribut, en affrontant les défis de la baisse de sa popularité dans ses tentatives de régler la situation de sa cohésion interne.
Les faucons du parti n’ont pas hésité à souligner les graves conséquences que pourraient avoir les attaques contre le PJD sur la situation du pays. Ils expliquent que le PJD ne dirige pas le gouvernement dans le but d’accumuler les réformes qui pourraient élargir sa popularité lors des prochaines échéances électorales. Non, martèlent les PJDistes: «Si notre parti continue à siéger au gouvernement, il le fait pour les mêmes raisons qui l’ont poussé à s’allier avec l’Etat et à l’aider à éviter les turbulences de l’instabilité, à l’opposé du mouvement de 20 février 2011».
Le PPS n’a pas hésité à s’engouffrer dans le sillage du mouvement du PJD après l’annonce de la poursuite d’Abdelali Hamieddine devant la Chambre criminelle de Fès, pour complicité de meurtre. Il s’agit de l’assassinat de l'étudiant gauchiste Benaissa Aït El Jid, au début des années 90. Le bureau politique du PPS considère, en effet, que «la consolidation de l’évolution remarquable des droits humains que connaît notre pays nécessite le strict respect des principes universels. Parmi ces derniers, la garantie des conditions d’un procès équitable, la réalisation de la sécurité judiciaire, le respect du jugement rendu, sauf si des éléments nouveaux refont surface. Il faut veiller à ne pas violer ces principes pour éviter tout abus ou atteinte aux droits fondamentaux garantis par la constitution».