Les directeurs d’agences urbaines se retrouvent aujourd’hui pris entre deux feux. D’un côté, la pression croissante exercée depuis les bureaux des walis et gouverneurs. De l’autre, les directives parfois contradictoires émanant du cabinet de Fatima-Zahra Mansouri, ministre de l’Habitat, de l’Aménagement du territoire et de la Politique de la ville, censée pourtant assurer la tutelle légale de ces établissements, indique le quotidien Assabah dans son édition du week-end.
Malgré les nombreuses doléances adressées à la ministre, qui a rappelé à plusieurs reprises devant le Parlement qu’elle est bien l’autorité de tutelle des agences urbaines et du groupe Al Omrane, la réalité sur le terrain semble toute autre. Dans les faits, ce sont bien souvent les walis et les gouverneurs qui tiennent les rênes, reléguant la tutelle ministérielle au rang de simple principe inscrit sur le papier, lit-on.
Cette situation engendre parfois des tensions insoutenables. Une directrice d’agence urbaine a même envisagé de démissionner après avoir fondu en larmes, non pas suite à une remontrance de sa ministre de tutelle, mais après avoir essuyé les propos blessants d’un haut responsable sans aucun lien direct avec le secteur de l’habitat ou de l’urbanisme. Un incident révélateur, selon plusieurs observateurs, d’un système de gouvernance miné par des intérêts divergents et des interventions multiples.
Dans ce contexte, beaucoup s’interrogent sur les raisons de l’échec de Fatima-Zahra Mansouri à concrétiser l’un de ses engagements phares: finaliser et mettre en œuvre les plans d’aménagement des grandes villes. Elle s’était pourtant engagée devant les députés à livrer ces documents dès sa première année de mandat.
Mais selon des sources internes au ministère citées par Assabah, ces retards s’expliquent par l’influence de puissants lobbys, déterminés à bloquer toute avancée qui irait à l’encontre de leurs intérêts, notamment dans certaines zones sensibles comme Tanger et Kénitra. Ces blocages interviennent alors même que plusieurs plans d’aménagement ont atteint des étapes avancées et n’attendent plus qu’un feu vert pour voir le jour, lit-on encore.
Un important réseau d’intérêts soutenu par certains présidents de conseils locaux proches de milieux opaques de l’immobilier, serait à la manœuvre pour freiner le projet ministériel. Résultat, malgré les annonces et les délais fixés, les villes concernées restent privées de ces documents stratégiques, essentiels pour encadrer leur développement urbain.
Face à ces entraves, la ministre PAMiste ne baisse toutefois pas les bras. Elle multiplie les initiatives pour mettre en place une nouvelle génération de documents d’urbanisme, en donnant la priorité aux zones à forte pression démographique et aux grands pôles urbains. Le but est de rendre ces outils plus souples et adaptés aux dynamiques économiques et urbaines.
Le projet de réforme prévoit également la création de 12 agences urbaines régionales, censées mieux articuler les besoins du monde rural et des centres urbains, tout en offrant aux gestionnaires locaux une feuille de route claire pour définir l’identité et la vocation de chaque territoire.








