Un projet industriel de taille, porté par un investisseur allemand et évalué à 12 millions d’euros, vient d’être enterré à Ouezzane, dans des conditions qui suscitent l’incompréhension. C’est le quotidien Al Akhbar qui rapporte l’information dans son édition de ce lundi 25 août.
L’agence urbaine de Ouezzane-Larache s’est opposée à la construction d’une usine spécialisée dans la fabrication de moteurs électroniques, malgré l’engagement du promoteur à financer les infrastructures nécessaires.
À l’origine, c’est un Marocain, résidant en Allemagne, qui avait convaincu un industriel allemand, propriétaire de plusieurs usines en Chine, en Allemagne et en Europe de l’Est, d’investir dans le Royaume, plus particulièrement à Ouezzane, a-t-on pu lire. À la clé, 300 emplois directs dans le domaine de l’électronique de pointe.
Séduit par le projet, l’industriel avait acquis en 2023 un terrain de près de 3 hectares, avec l’assurance que la parcelle répondait aux critères nécessaires pour accueillir une unité industrielle. Le plan prévoyait également un transfert de savoir-faire et des perspectives de croissance, avec un chiffre d’affaires annuel estimé à 3 millions d’euros et la possibilité d’étendre l’activité à d’autres Régions du Royaume, écrit Al Akhbar.
Mais très vite, les obstacles se sont multipliés. Selon des sources proches du dossier citées par le quotidien, un élu influent, fort de ses relations avec une ministre issue de la majorité gouvernementale, aurait manœuvré pour freiner le projet. Le levier utilisé a été le retard volontaire dans l’adoption du plan d’aménagement urbain de la commune, empêchant ainsi la requalification du terrain en zone industrielle.
L’agence urbaine de Ouezzane-Larache a ensuite justifié son refus par l’absence de réseaux d’assainissement et d’eau potable dans la zone. «Une justification jugée fallacieuse par les promoteurs du projet, puisque l’investisseur s’était formellement engagé à prendre en charge l’ensemble des travaux de raccordement et d’équipement, conformément aux dispositions de la loi sur l’urbanisme (article 47), qui autorise l’octroi de permis de construire même en l’absence d’infrastructures publiques, dès lors que des solutions alternatives sont garanties», a-t-on encore pu lire.
Outre l’argument des réseaux, d’autres réserves techniques ont été émises, notamment sur la hauteur du bâtiment, prévue à 8,5 mètres, jugée excessive par la représentation locale de l’autorité préfectorale. Là encore, les experts estiment qu’un tel critère est arbitraire et contraire aux pratiques habituelles dans les zones industrielles.
Le résultat est sans appel. Après plus d’une année de démarches et de correspondances, le projet a été bloqué. L’investisseur, qui avait participé à plusieurs missions économiques dans le Royaume, organisées par des structures de coopération euro-méditerranéenne, se retrouve désormais confronté à des pertes de temps et à une remise en cause de sa stratégie industrielle.
Au-delà de ce cas d’espèce, cette affaire risque d’avoir un impact plus large sur l’image du Royaume auprès des investisseurs étrangers, en particulier allemands. Le pays, qui tente de renforcer ses partenariats économiques avec Berlin, pourrait voir sa crédibilité entamée auprès d’autres industriels allemands désireux d’investir dans le Royaume, écrit aussi Al Akhbar.
L’Allemagne est l’un des leaders européens dans les industries technologiques et automobiles, et plusieurs de ses entreprises cherchent à s’implanter dans le Royaume, dans le sillage des grands constructeurs installés à Tanger et Kénitra.








