«L’Algérie est un des foyers du terrorisme dans le nord de l’Afrique». C’est en ces termes que l’eurodéputé français, Jean François Jalkh, s’est exprimé devant la Commission européenne, en réaction à un projet européen de libéraliser les visas aux ressortissants de ce pays.
Dans un question adressée à la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la sécurité, Federica Mogherini, le député européen s’est inquiété que l’Algérie, matrice maghrébine de l’hydre terroriste, devienne «exportatrice» de ce fléau vers l’Europe.
«L’Algérie, qui a une histoire avec le terrorisme, a été mise sur la liste noire, notamment à cause de son rôle dans le financement du terrorisme», a rappelé l’eurodéputé français, relevant que le soutien algérien au terrorisme a été décrié par nombre d’observateurs internationaux.
Voilà, pour l’info. Maintenant, il paraît qu’il va falloir en penser quelque chose. Or, c’est un secret de polichinelle. Le soutien algérien au terrorisme a déjà été décrié par nombre d’observateurs internationaux. En 2012, une étude intitulée «Al-Qaïda au Maghreb, ou la très étrange histoire du GSPC algérien» pointait ces «liens» avérés entre le Département du renseignement et de la sécurité (DRS, renseignement algérien) et l’ex-Groupe salafiste pour la prédication et le Combat (GSPC), qui, rappelez-vous, devient en ce mémorable 25 janvier 2007 Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), après avoir prêté allégeance à Oussama Ben Laden.
Autre charge, et elle n’est pas des moindres, Jeremy Keenan, professeur à l’université de Londres, en remettra une couche en épinglant cette «proximité entre les réseaux terroristes et le Département algérien du renseignement et de la sécurité, DRS». Keenan, spécialiste de l’Afrique du Nord et du Sahel, a simplement dit haut ce que tout le monde pensait tout bas.
La charge de l’eurodéputé français rappelle ainsi celle de Jeremy Keenan, ou plus encore celle du patron du Centre européen d’intelligence stratégique et de sécurité (ESISC), Claude Moniquet, à travers son livre sorti en 2010 sous ce titre révélateur «Le front Polisario et le développement du terrorisme au Sahel»…
Elle met en évidence cette implication avérée d’Alger, via les agents recruteurs du DRS, dans l’hébergement et le financement de l’activité terroriste à l’échelle du Maghreb et de la région sahélo-saharienne.
Souvenez-vous : pas plus tard qu’en juillet dernier, l’ex-président français Nicolas Sarkozy avait largué, dès son arrivée à Tunis, et devant le nouveau maître de la Tunisie, Caïd Essebsi, à qui il était venu exprimer sa solidarité face à la vague terroriste de l’été dernier, que la Tunisie n’avait pas choisi son emplacement géographique, insinuant, de manière à peine voilée, le rôle de l’Algérie dans ce qui se passait dans le «pays du jasmin».
Est-ce un hasard encore si le ministre tunisien de la Défense a imputé, dans un entretien à Ashark Al-Awsat, basé à Londres, la responsabilité du terrorisme dans son pays à l’Algérie ?
On vous fait grâce du «chaos» libyen, les accointances d’Alger avec l’ex-chef du Groupe islamique combattant en Libye (GICL, affilié à Al-Qaïda), Abdel Hakim Belhaj, actuellement gouverneur de Tripoli.
Passez aussi le rôle d’Alger dans la déflagration terroriste survenue, à l’été 2013, au Mali, quand les «Ansar Eddine», produit pur jus du DRS, et dont le chef, Lyad Ag Ghali, né dans la région «Hougar», sud algérien, à proximité de Tindouf, où il fréquentait le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz.
Voyez, on pourrait allonger le pedigree d’Alger en la matière mais abrégeons. Ramtane Lamamra, ministre algérien des Affaires étrangères, ne le voit pas de cet œil. Intervenant à l’occasion de la journée de la diplomatie, en fin de semaine dernière, il a fait cette déclaration tout au moins risible : «l’Algérie est un pays exportateur de paix, de sécurité et de stabilité» ! Cause toujours, tu nous intéresses …