La vidéo circule depuis quelques jours, plus précisément depuis l’inauguration par le roi Mohammed VI du nouveau projet de port de Tanger. Chacun y va de ses interprétations et lectures. Mais toujours est-il que, dans cette vidéo dont l’authenticité reste cependant à prouver, on entend, parmi le public venu saluer le roi, des voix qui crient au départ de l’homme d’affaires, par ailleurs président du RNI (Rassemblement national des indépendants) et ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch. «Akhannouch dégage!», peut-on entendre entre les «Vive le roi», «Un seul roi pour nous tous, Mohammed VI». Et ce juste au moment où le convoi du souverain s’apprête à faire une halte.
Citant des sources bien informées, le quotidien Al Akhbar nous apprend que des proches d’Ilyas El Omari, président de la région de Tanger-Tétouan-El Hoceima et ancien secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM), ainsi que de son frère Fouad, ancien maire de la ville du Détroit, sont derrière cette mise en scène. Le journal en veut pour preuve la présence du photographe personnel d’El Omari, qui se trouvait juste en face d’Akhannouch au moment où la vidéo a été tournée. Le photographe en question, pris la main dans le sac puisque, au lieu de zoomer sur le ministre, il a inversé le sens de la caméra pour se prendre lui-même dans l’objectif, n’a d’ailleurs pas hésité à partager et relayer ladite vidéo… séance tenante. De nombreux proches de l’ancien S.G du PAM ont par la suite pris le relais et partagé à leur tour une séquence vite devenue virale, assure Al Akhbar.
Il s'agissait, ajoute le journal, de nuire à l’image d’un ministre dont l’astre n'a cessé de briller, ces derniers mois, avant que la vague de boycott lancée ces dernières semaines n’engage son nom et son entreprise, Afriquia, cible depuis de nombreuses critiques. «El Omari semble ainsi vouloir ralentir, voire anéantir la montée en flèche d’un personnage et d’un parti (le RNI, NDLR), au détriment de sa propre personne et d’un PAM qui était pressenti pour jouer les premiers rôles sur la scène politique», lit-on. C’était avant que les urnes ne s’expriment pour donner le PJD gagnant lors des dernières législatives.
El Omari joue en cela à un jeu dangereux, en impliquant la personne et le statut du roi dans des calculs bassement sournois et éminemment politiques. Or, en tant qu’arbitre suprême, le souverain est bien au-dessus du jeu politique auxquels peuvent s’adonner les partis, précise Al Akhbar.
On retiendra par ailleurs qu’une vaste enquête est menée pour faire la lumière sur cet incident et déterminer les niveaux de responsabilité de tout un chacun. Une équipe dédiée a ainsi été formée pour s’acquitter de cette mission et une coordination entre la DGST (Direction générale de la surveillance du territoire national) et d’autres appareils sécuritaires est d’ores et déjà assurée. Le but est également d’en savoir plus sur ce qui est qualifié d’échec organisationnel et d’atteinte au protocole présidant aux activités royales. Affaire à suivre.