«La tribune de M. Tahar Ben Jelloun, publiée sur le site d’information Le360, au sujet de la lettre adressée par le ministère de la Communication à l’organisation Human Rights Watch (HRW), fait véhiculer des accusations et jugements de valeur incompréhensibles. M. Ben Jelloun devait au mieux se renseigner avant de s’y lancer, ce qui appelle quelques observations objectives et méthodologiques.
Premièrement, Human Rights Watch (HRW) n’est ni sacrée, ni infaillible, ni indiscutable. Prétendre le contraire ne peut être qu’une atteinte aux principes de la liberté notamment la liberté d’expression. Sinon, s’agit-il d’un nouveau tabou inabordable?
Deuxièmement, la lettre adressée à HRW était un appel au dialogue afin d’asseoir les bases d’une coopération profitable aux efforts de promotion des Droits de l’Homme, à l’image de la coopération qui prime dans les relations avec les autres organisations des Droits de l’Homme et instances onusiennes.
Troisièmement, le Maroc n’a rien à cacher. Le simple fait de penser que le Maroc craint de montrer ce qui se passe sur son territoire est inacceptable, en particulier dans le contexte du développement des technologies de l’information. A titre d’illustration, et dans différentes circonstances dans les provinces du Sud du Royaume, l’utilisation de l’Internet n’a jamais subi de restriction. Ceci reflète incontestablement l’absence d’une volonté de dissimuler la réalité telle qu’elle est sur le terrain. C’est pour cette raison que le Maroc est ouvert sur les organisations internationales et sur les mécanismes onusiens des Droits de l’Homme. Citons la visite effectuée dernièrement au Maroc par la rapporteuse spéciale de l'ONU sur le droit à l'alimentation, précédée par les visites des rapporteurs spéciaux de l’ONU sur la torture et la traite des êtres humains, et bien d’autres. D’ailleurs, le dernier rapport du Secrétaire général de l’ONU sur l’affaire du Sahara a présenté des données statistiques qui prouvent l’ouverture du Maroc sur les délégations internationales des Droits de l’Homme. Dans ce volet, le Maroc est incontestablement un modèle dans la région et n’a aucune volonté de revenir sur ce choix, sauf que cette ouverture ne peut être exploitée pour nuire à l’image du Maroc ou pour porter atteinte à la crédibilité des importantes réformes en cours.
Quatrièmement, on peut citer quelques exemples, parmi des dizaines d’autres, qui prouvent le traitement partial inéquitable, dépourvu de l’objectivité et de l’équilibre requis. Il s’agit en premier lieu, de la nouvelle politique migratoire marocaine. Cette dernière a été évaluée par HRW sur la base de quelques dizaines d’allégations et d’accusations recueillies bien avant l’annonce de l’adoption de cette politique en octobre 2013, alors que le rapport de HRW relatif à cette politique a été rendu public en février 2014 sous l’intitulé «Abus et expulsions: les mauvais traitements infligés aux migrants d’Afrique subsaharienne au Maroc». En plus, HRW n’a pas soumis au Maroc la totalité des allégations et accusations émanant d’individus pour qu’il puisse se prononcer à propos des preuves et témoignages utilisés. HRW s’est contenté de solliciter la réaction du Maroc au sujet de quelques allégations seulement.
Il en est de même pour ce qui est du rapport de HRW sur l’affaire du Sahara, élaboré suite à une visite effectuée par l’organisation aux camps de Tindouf. Ce rapport a présenté le Maroc et le front du Polisario sur un pied d’égalité tout en négligeant, voire même en ignorant le rôle de l’Algérie dans ce conflit. D’ailleurs, rien n’empêche M. Ben Jelloun de revenir à pas moins d’une dizaine de rapports, communiqués et articles publiés par HRW à propos de ce conflit en l’espace d’environ un an et demi, pour se faire une idée de la flagrante partialité constatée.
Le Maroc a le droit, et son gouvernement a le devoir de se sentir concerné par les stéréotypes négatifs véhiculés par les rapports et communiqués de HRW du fait qu’ils dévalorisent les réformes entreprises par le Maroc. Ainsi, nous avons appelé HRW à un dialogue qui lui permettra de fournir ses éclaircissements au sujet des cas de partialité avérés, afin d’instaurer les bases d’une coopération garantissant le traitement équitable et équilibré, ne se focalisant pas uniquement sur certains dysfonctionnements ou dépassements isolés.
Somme toute, la lettre adressée par le ministère à HRW a été productive, car HRW a répondu favorablement à l’appel au dialogue, et M. Ben Jelloun ne peut confisquer au Maroc son droit à défendre son image et à critiquer cette organisation, comme il ne peut appeler à craindre cette organisation ou n’importe quelle autre, du moment que le Maroc n’a rien à cacher et que plusieurs autres dizaines d’organisations s’activent au Maroc en toute liberté.
M. Ben Jelloun peut également revenir à plus de vingt-cinq rapports ou communiqués publiés en l’espace d’environ un an et demi par HRW sur le Maroc, pour constater l’image qu’elle véhicule sur notre pays, certainement différente de celle que connaît M. Ben Jelloun, sauf s’il ne dispose pas d’une bonne appréhension de la réalité. Il peut également se demander comment il se fait que des cas isolés et dispersés puissent devenir la principale image véhiculée sur le Maroc. Pourtant, la réalité du Maroc ne peut être dissimulée par les rapports de HRW.
En dernier lieu, ce que nous attendions de M. Ben Jelloun, c’est bien une position équitable, au lieu de reproduire des positions impartiales ou d’aller dans le sens du dénigrement de la réalité. M. Ben Jelloun devait plutôt appeler au dialogue, du moment que le Maroc ne demande qu’à ce que cette organisation lui réserve le même traitement que celui des autres organisations des Droits de l’Homme et instances onusiennes, en respect des règles d’éthique reconnues à l’échelle internationale en matière de relation entre les Etats et de telles organisations. »