Pour Pierre Vermeren, universitaire et auteur de l'ouvrage Histoire du Maroc, si la France veut combattre le trafic de cannabis sur son territoire, elle doit le faire à la source, c’est-à-dire en empêchant sa culture sur des milliers d’hectares dans le Rif marocain.
C’est en tout cas l’une des idées qu’il défend dans une chronique publiée lundi 16 janvier sur le site de «Le Figaro» et dans laquelle il revient, à la fois sur l’histoire de la culture du «hachisch» au Maroc et sur l'histoire de la France dans le business de la drogue depuis le XIXème siècle.
Dans son analyse, l’expert du Maghreb contemporain ne manque pas de pointer du doigt un certain laxisme des autorités françaises. Aujourd’hui, écrit-il, la cinquième République consacre une grande partie de ses ressources sécuritaires à la lutte contre le trafic de cannabis et autres drogues sur son sol. Or, il serait plus judicieux de nouer un partenariat dans ce sens avec le Maroc, permettant de convertir les 800.000 personnes qui vivent de la culture du cannabis dans le Rif à d’autres activités.
Car, pour Pierre Vermeren, là réside la véritable problématique: «Le Maroc est un Etat fort et organisé( …) qui aurait la capacité de liquider la plantation en quelques mois et donc la base productive, comme il l'a réduite de moitié en 2003-2004, quand il a éprouvé les dangers du narcoterrorisme à Casablanca, puis à Madrid», peut-on lire dans Le Figaro.
Cependant, mettre définitivement un terme à ces cultures aurait des conséquences sociales graves pour les paysans qui en vivent. Bien entendu, ces paysans sont loin de gagner autant que les réseaux qui opèrent dans ce trafic partout en Europe et qui engrangeraient, selon la même source, entre 8 et 12 milliards de dollars par an. D’ailleurs, une grande partie de cette fortune n’est pas rapatriée au Maroc. Elle demeure dans des comptes bancaires à l’étranger ou est investie dans des projets en Méditerranée.
C’est la raison pour laquelle l’universitaire déplore que la France approche le problème du cannabis à travers des considérations morales alors que, finalement, il s’agit d’une question purement économique.